La femme est l'avenir de l'homme.
"Jane Eyre" s'écarte des oeuvres à l'eau de rose, pour livrer à son public un film sombre mais poignant sur une jeune femme taciturne et torturée qui va s'éprendre de celui qui doit lui demeurer inaccessible en raison de son rang.
Les films d'époque ont un cachet particulier, il y a bien évidemment ce phrasé bien distinct, ces décors bien souvent très beaux et onéreux, et également l'aura si subtile qu'ils peuvent conférer aux romances quand elles ont lieu d'être. C'est le cas de "Jane Eyre", bien qu'il ne s'agisse pas d'une romance classique. Il y a là tout ce qu'un film d'époque bien pensé doit comporter. La mise en scène est sobre et belle, les acteurs sont justes (Michael Fassbender confirme son immense talent encore une fois), et le scénario s’accapare parfaitement l'univers pour développer des idées fortes.
Il ne s'agit pas seulement ici de l'histoire d'une domestique qui va s'éprendre de son maître, mais plutôt d'une sorte de psychanalyse très neutre sur la force des sentiments. Jane est une jeune femme en quête d'une vie meilleure, brisée dans son enfance elle va pourtant sortir la tête de l'eau. Cet amour qui va naître progressivement entre elle et son maître ne sera finalement qu'une nouvelle entrave à ce bonheur qu'elle peine à atteindre. Une entrave irrésistible.
Voilà de quoi parle "Jane Eyre", de tentation c'est certain, mais cela ne nous est pas narré sottement, mais avec douceur et justesse, dans un univers sombre et envoûtant. Celui de l'Angleterre des nobles d'autrefois, une époque raffinée et complexe, à l'image de l'intrigue du film.
La jeune Mia Wasikowska incarne parfaitement ce personnage, elle y insuffle beaucoup de prestance, en tout cas assez pour se mesurer au jeu monstrueux de Fassbender.
"Jane Eyre" est donc un long-métrage tout en mesure, loin de la sensiblerie, et pourtant très émouvant et poignant. Une romance neuve et convaincante.