Durant quatre années, de 2018 à 2021, Charlotte Gainsbourg instaure un dialogue intime avec Jane Birkin afin de se parler comme jamais elles ne l'ont fait, et ce par l'intermédiaire de ce documentaire. Il y a quelque chose de l'ordre du pudique qui rapprochent ces deux femmes, ces deux mères, et c'est ce qui est parfois touchant, notamment dans les silences, les murmures, ainsi que dans les quelques scènes où intervient Jo Attal, la dernière fille de Charlotte, qui représente en quelque sorte l'avenir.
Jane Birkin parle pêle-mêle de sa carrière de chanteuse, de sa relation compliquée avec son ex-mari John Barry, du fait qu'elle prend des somnifères... d'une certaine façon, et elle ne peut pas réinventer le passé, elle parle beaucoup de ce qu'on avait déjà lu dans les deux volumes de ses (formidables) journaux intimes. A ceci près que là où ceux-ci s'arrêtaient à la disparition de sa fille, Kate, Birkin semble briser la glace et parler librement de son enfant disparue.
Bien entendu, le moment qui m'a le plus touché est la visite de la mère et de la fille à la rue de Verneuil, là où habitait Serge Gainsbourg, et on a une sorte de visite guidée de l'appartement, laissé tel quel depuis sa disparition en 1991. Et ceci avant qu'il ne devienne un musée, ce qui rend le résultat touchant, surtout pour Jane qui n'était plus revenue sur ces lieux trente ans plus tôt.
Le documentaire est en soi intéressant, car il s'agit en quelque sorte de la dernière où on voyait Jane Birkin, photographiée à outrance par Charlotte, sur un écran, avant sa disparition en 2023. Mais je suis content qu'elles aient pu tout se dire par le biais du cinéma.
Même si une chose m'interpelle quand elle s'étonne qu'elle n'ait jamais été l'objet d'un film ou documentaire ; et Jane B. par Agnès V. ?