Exercice délicat que de réaliser un documentaire sur les rêves brisés, et l'intimiste mais comme insensible Amy, qui se faisait témoin voyeuriste d'une déchéance publique, refermant sur une femme brisée la quatrième de couverture d'un Paris Match quelconque, l'a prouvé : le racolage se loge, potentiellement, à chaque entournure. Janis, de la déjà bien installé Amy Berg (Délivrez-nous du mal et West of Memphis), échappe aux pièges tendus par son sujet avec une simplicité désarmante. Armée d'images d'archives dénuée de tout sensationnalisme et d'une poignée de lettres écrites par Janis Joplin elle-même, et lues par la sudiste Cat Power, Amy Berg se refuse à porter un regard cru sur la chute spectaculaire de la chanteuse virtuose, âgée de 27 ans au moment de sa mort, solitaire, dans un motel d'Hollywood. Si quelques facilités accompagnent cet attachement à la pudeur (les témoignages pas très pertinents de proches divers, toujours élogieux, et un recours un peu systématique aux séquences musicales en guise de transition, heureusement toutes magnifiques), force est de remarquer que Janis est le fruit remarquable d'un idéal de documentaire, tout à la fois fluide dans la forme et transparent dans le fond, qui manque à la production contemporaine. Comme une lueur d'espoir pour le genre, de plus en plus putassier, du portrait hollywoodien.