L’histoire inspirée du mythe grec nous embarque dans la quête de la toison d’or avec Jason et ses argonautes. Le rythme est soutenu, le casting est bon, la musique de Bernard Hermann participe à la dramatisation de l’histoire.
Jason, le héros, est un rebelle. Fier, il refuse l’aide des dieux quand il peut accomplir une tâche par lui-même et avec l’aide des autres. C’est une attitude très moderne. Zeus lui-même l’admire pour cela et s’en félicite : « J’ai bien fait de choisir Jason : ceux qui servent le mieux les dieux sont ceux qui les sollicitent le moins ». Durant son voyage il n’hésite pas à défier les dieux en leur reprochant leur cruauté (voir le passage dans la gorge des rochers fracassants) ou à venir en aide à une personne qui a subi leur malédiction pour l’en délivrer (Phinée.)
Ray Harryhausen peut déployer tout son génie à travers ce récit si riche. Les animations se succèdent et sont toutes bluffantes :
* Talos est imposant par sa grandeur, il se déplace comme une véritable statue de bronze, ne laisse rien transparaître, mais lorsqu’il meurt, quel pathos !
* Les harpies sont déchaînées et épouvantables à souhait !
* Neptune nous offre l’une des scènes les plus majestueuses, lorsque se dressant dans les eaux, il retient les rochers fracassants pour permettre à Jason et son équipage de passer avant de retourner d’un air impassible dans la profondeur des mers.
* L’hydre à 7 têtes est une véritable prouesse technique, une œuvre de patience et d’une grande maîtrise. A John Landis qui lui demandait un jour : « l’hydre avec les sept têtes, comment ne pas perdre le fil ? » Ray a répondu : « Aucune idée. ». Et il n’y avait pas que les 7 têtes, il y avait aussi les deux queues ! La réponse de Ray Harryhausen est significative, son travail n’était pas mental, mais instinctif, créatif, cela ne passait pas par la tête, c’est pourquoi cela nous touche tant encore aujourd’hui. C’est le travail d’un artiste, cela part des tripes.
* Et enfin la séquence du combat avec les 7 squelettes est une scène qu’on ne peut oublier ! Les squelettes se montrent agiles, rapides, infatigables, déterminés. C’est une magnifique scène dont bien des réalisateurs s’inspireront par la suite. Pour ne citer qu’un exemple : la bataille dans la grotte dans The Curse of the Black Pearl (2003). Mais Harryhausen s'est très probablement inspiré lui-même de Méliès qui était bien connu aux Etats-Unis. Dans Le Palais des Mille et Une Nuits, il y a une scène de combat avec six squelettes et elle fait déjà un sacré effet avec les moyens rudimentaires de l'époque...
La séquence de la danse de Médée mérite également d’être signalée. C’est une chorégraphie tout orientale dans un chatoiement de couleurs.
Avec un tel film, Ray Harryhausen a bien mérité d’avoir son étoile à Hollywood !