Avec un rythme maîtrisé grâce à un savant dosage d'actions et de musique entraînante, Je danserai si je veux réussit d'abord à ne pas trop ennuyer, et ce malgré les quelques stéréotypes déroulés - en essayant, ironie du sort, d'en éviter d'autres.
Il faut reconnaître que tout le discours développé par la réalisatrice Maysaloun Hamoud au travers ses personnages n'apporte pour nous, français, occidentaux, laïques, vivant en "démocratie", rien de neuf. Cependant, dans le contexte d'une société palestinienne où la Charia, sans être officiellement appliquée, demeure toutefois "la source des lois" selon Mahmoud Abbas, une telle attitude se révèle plus que courageuse. D'ailleurs une fatwa à l'encontre de la réalisatrice a été adressée et circule encore sur les réseaux sociaux. Cette attitude courageuse a un motif simple: plus de justice sociale entre les sexes, c'est-à-dire: fin (ou atténuation) du patriarcat, liberté de mœurs pour les femmes, liberté de choisir son avenir, ... autant de revendications auxquelles on ne peut qu'adhérer. Mais le pays, dont la culture est tenacement enracinée dans un héritage coranique, à des kilomètres de ce microcosme (et le mot est encore trop grand) moderne, urbain et trentenaire qu'on nous montre, est-il prêt à procéder a une telle révolution? Les personnages secondaires, plus proches de la réalité du terrain, tendent à en prouver le contraire.
Soit, ces trois femmes, si elles ne représentent qu'un faux échantillon de la société palestinienne, sont à considérer comme la société idéale de la réalisatrice qui voit en elles celles qui grâce à leur extrémisme libertaire peuvent faire équilibrer la balance: jeune cadre dynamique ayant le droit et la liberté (!) d'être accro à la nicotine et de consommer à haute dose du cannabis et les soirs de fête de la coke, jeune lesbienne aux nombreux piercings adressant un doigt d'honneur à son patron et une seule et unique modeste musulmane traditionnelle qui, néanmoins, aidée par son entourage, opèrera sa révolution personnelle.
Si tous les évènements conduisant à cette fin heureuse s'enchaînent gaiement sans nous laisser respirer et nous prennent aux tripes, en y repensant après coup, une fois l'émotion retombée, on se dit toutefois que tout cela manquait un peu de profondeur dans la réflexion, de vraisemblance dans les caractères, de plan large sur une société palestinienne pas assez représentée dans sa base. Sans parler d'une mise en scène réduite à néant au profit d'une densité narrative et d'une B.O. addictives.