Au premier abord Io la conoscevo bene n'a rien d'emballant. Portrait d'une jeune fille insouciante, frivole, épicurienne voulant devenir actrice, on se dit que l'on va assister au traditionnel étalage des déviances et perversions du milieu et l'on aura pas forcément tort. D'ailleurs dans les premières minutes une ou deux alertes semblent aller dans le sens du film à propos parfois trop lourd.
Pourtant si rien n'est au fond original dans le thème abordé, son salut viendra de l'élégance à présenter la chose, qui répond au nom de Stefania Sandrelli. Dès le travelling initial le ton est donné sur le regard que réalisateur portera sur elle tout au long du film, plus que l'embellir il va la rendre désirable. On sent que Pietrangeli aime son actrice et respecte le personnage qu'il a façonné pour elle.
Adriana, jeune femme solaire dotée d'un naturel magnétique séduisant du plus au jeune au plus vieux des mâles, n'est pas qu'une simple cagole.
Si elle est bien crédule, elle n'est pas totalement victime du système, elle a une sexualité libre et maîtrisée, n'est pas arriviste et si elle est trompée c'est surtout affectivement, par manque de lucidité sur ceux qui la respectent et qui pourraient fournir l'attention qu'elle attend. Parce que derrière cette vie superficielle constituée de fêtes répétitives dont elle semble se complaire, se cache une pratique du divertissement de Pascal pour oublier une fêlure originelle source d'une profonde solitude.
L'illustration de ce moment aura le mérite de se faire par une évocation subreptice en restant dans la classe formelle dont baigne le film, classe qui, plus qu'esthétique sert le propos (je pense à ce plan qui permettra par son angle de rendre hommage à l'immensité du monument en arrière-plan sans oublier de filmer son sujet, à savoir son actrice).
Si bien que l'on sera ému d'une empathie sincère quand il faudra quitter cette starlette au coeur tendre qui sera amenée d'une manière ou d'une autre à prendre son envol.