Il peut être difficile de comprendre pourquoi Antonio Pietrangeli signe ici un de ses plus grands films. De certains côtés, il faut parfois attendre la toute dernière image. Ce n'est pas faute de savoir créer des ambiances ; chaque scène est une bulle qui n'a rien à voir avec la précédente ni la suivante, des bulles à fort caractère, qui nous font tout aimer de l'image et nous attachent à leurs personnages. Mais c'est là le germe de ce qui ne va pas dans le film ; il n'est absolument pas clair. Les scènes sont comme les pièces d'une mosaïque ; il faudrait n'aimer que l'image globale, mais c'est difficile quand on se rend compte de la pauvreté qualitative des bouts qui la constituent.
Pourtant la néo-néo-noirceur de l'ouvrage nous amène à considérer son hétéroclisme, et nous oblige à faire le parallèle avec la France qui, à la même époque, coinçait ses films dans des sujets étroits. Pietrangeli n'a peur ni de la boxe, ni du monde des stars qu'il critique si bien (c'est fou comme la Cinecittà ressemblait à Hollywood), ni de la comédie ni du drame. Quand bien même on a souvent l'impression d'avoir dormi tellement le scénario est décousu, chaque scène vaut le détour et le propos est fort... si on arrive à le suivre.
Quantième Art