L'enfer, c'est les autres ?

Quel talent, d'aborder autant de sujets de société en 1h28 !

Les laissés pour compte, les plus faibles, sont les proies préférées des prédateurs de tout poils. Que se passe-t-il si la mécanique rodée de l’OPPRESSION quotidienne s'enraille et que la femme de ménage braque son patron abusif avec un pistolet d'alarme ? Remplacer la sidération de la victime par la justice, quelle jolie proposition. Le système est structuré pour permettre aux prédateurs d'écraser leur victimes avec l'air de ne pas y toucher, drapés d'une mauvaise foi magnifique. Ici, les victimes inversent le cours de leur vie et se font gentiment justice elles-même, entraînant un besoin de justice gaillardement contagieux. Les acteurs sont justes et le scénario aussi.

Un seul bémol, l'histoire est trop manichéenne, les gentils (les victimes) contre tous les méchants, la question que j'ai envie de poser parce qu'elle manque cruellement dans le film : comment et pourquoi devient-on prédateur ? Ne sommes-nous pas tous prédateurs ? SUFFIT_IL D'ÊTRE VICTIME, POUR ÊTRE ASSURÉ DE NE PAS SE COMPORTER COMME UN PRÉDATEUR ? Cette question centrale permet de se réapproprier sa vie en toutes circonstances.

A part cette erreur de fond de l'histoire, voilà un film qui prouve, mais nous le savions déjà, que l'on peut faire beaucoup avec peu de moyens. La joyeuse bande d'acteurs qui déploient tous leurs jeux au fur et à mesure de l'évolution de leur personnage est vraiment parfaite. Un vrai spectacle jubilatoire !