Liberté diluvienne
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S'appuyant sur l'incident de Takigawa (1933) au cours duquel un groupe de professeurs de l'université de Kyôto sont démis de leurs fonctions pour leurs critiques à l'égard de l'autorité militaire, Kurosawa revient sur une période délicate de l'histoire du Japon. Kurosawa, qui n'a pas toujours été aidé par la censure (Qui marche sur la queue du tigre) et qui en tant que jeune réalisateur n'a eu d'autre choix que de faire avec la propagande ambiante (Le Plus dignement) livre ici un film expiatoire sur une époque encore brûlante d'actualité au sortir de la guerre.
Fait rare dans sa carrière, le personnage principal est une femme (Setsuko Hara) que l'on suivra sur quatre périodes distinctes :
- 1933 : un groupe d'étudiants se réunit chez l'un des professeurs qui a été suspendu. Du haut de leurs vingt ans ils refont le monde et prônent des lendemains radieux. Parmi eux, Noge et Itokawa. Yukie, la fille du professeur, se moque de la politique et apparaît comme immature et désinvolte. Les deux garçons succombent malgré tout au charme de la jeune fille.
- 1938 : les deux anciens amis ont connus des destins très différents. Itokawa travaille maintenant pour le parquet tandis que Noge, après un séjour en prison pour sa participation à des manifestations, s'engage dans l'armée.
- 1941 : Noge mène désormais une vie assez trouble à Tôkyô. Bien qu'il ait évolué dans la hiérarchie de l'administration militaire, il travaille secrètement avec d'autres agents à la paix. Yukie le rejoint et se marie avec lui. Ce n'est plus la jeune fille frivole du début du film. Mais il se fait découvrir et sera battu à mort durant son interrogatoire par la police militaire. Yukie, décide alors de partir à la campagne pour vivre chez ses beaux-parents. Une vie très dure de labeur aux champs, l'échine courbée, les pieds baignant dans l'eau des rizières. En plus de cela la famille doit supporter l'hostilité des autres villageois pour qui le fils défunt est considéré comme un ennemi de la patrie.
- 1945 : la guerre s'achève. Le professeur est réintégré à l'université et tient un discours devant ses étudiants, leur demandant de tirer les leçons des événements passés. Yukie fait le choix de rester à la campagne. Le film s'achève sur la jeune femme alors prise en stop par des villageois, les mêmes qui lui ont mené la vie dure pendant la guerre. Elle leur sourit, ce qui peut vouloir dire beaucoup de choses au Japon. Disons qu'elle ne garde pas de rancœur. Une fin heureuse et pleine d'optimisme. Dans un autre contexte j'aurais peut-être dit trop facile, mais Kurosawa et les Japonais avaient besoin de ça à ce moment-là.
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