Bonne petite dramédie sentimentale à la française signée Stéphane Brizé, alors au début de sa carrière de réalisateur, qui alternera entre drame sociaux engagés ("La loi du marché") et études de mœurs intimistes ("Mademoiselle Chambon").
A l'image de son anti-héros peu aimable, huissier de justice solitaire et taciturne, "Je ne suis pas là pour être aimé" apparaît modeste, sans fioritures ni ambitions démesurées - un peu trop pour son propre bien en réalité. En effet, si la lenteur et la sobriété du récit pèsent un peu mais se justifient par l'approche délicatement sensible de Brizé, la manière dont le dénouement est expédié pour chacun des personnages (principaux comme secondaires) laissent un goût d'inachevé.
Dommage car avant cette fin abrupte, chaque rôle secondaire bénéficiait justement d'un traitement soigné (le fiancé écrivain velléitaire, le dragueur cruel du cours de tango, le vieux paternel acariâtre incarné par un Georges Wilson impressionnant,...).
Au final le film de Brizé constitue une jolie réussite, porté par un Patrick Chesnais impérial dans un rôle sur mesure de bougon taiseux mais sympathique. Du coup je trouve ma note un brin sévère, mais il faut croire que "Je ne suis pas là pour être aimé" s'adresse en priorité à un certain public (plutôt âgé...). A titre personnel, j'aurais sans doute attribué un point supplémentaire si j'avais été davantage sensible au charme d'Anne Consigny...