Né de la collaboration fructueuse entre le réalisateur Michael Powell et le scénariste Emeric Pressburger, Je sais où je vais raconte l'histoire de Joan Webster, jeune femme ambitieuse, orgueilleuse et déterminée à s'élever socialement en épousant un riche homme d'affaire qu'elle n'a jamais vu. C'est pour se mariage qu'elle traverse une partie du pays pour atteindre l'île de Kirolan ou vit son fiancé mais se retrouve dans l'incapacité de faire la traversée lorsqu'une tempête se lève. Joan rencontre alors un marin en permission, Torquil MacNeil, qui va la faire dévier du chemin qu'elle s'était tracé.
Si l'histoire, très prévisible, le rapproche du mélodrame, Je sais où je vais se révèle au final beaucoup plus proche du conte. Car dés l'arrivée en Écosse, l'héroïne semble littéralement entrée dans un autre univers. L'épais brouillard, l'image trouble, le « chant des phoques » se faisant entendre, les habitants parlant une autre langue (le gaélique)... Tout ça est bien loin du voyage réglé comme une horloge auquel nous avons assisté jusque là. De même, les habitants sont bien différents d'elle. Plus naturels, simples, chaleureux et même superstitieux que la très citadine Joan qui (comme son fiancé) semble plus s'intéresser aux biens qu'aux personnes.
Mais le lien le plus évident entre le conte et le film vient du parallèle entre l'histoire « réelle » et la légende racontée par MacNeil. Selon celle-ci, une ancêtre aurait lancée une malédiction sur le château ou elle trouva la mort et selon laquelle chaque MacNeil osant y pénétrer aurait à « subir » un amour si fort qu'il ne pourrait plus jamais s'en séparé. Et la légende devint alors réalité.