A la fois drame et film de guerre, Dieu seul le sait est une œuvre méconnue de John Huston qui n'est pas sans rappeler le beaucoup plus célèbre The African Queen du même Huston. Interprétés avec talent par deux merveilleux acteurs, la gracieuse et fragile Deborah Kerr et le bourru et rustre Robert Mitchum, nous suivons la cohabitation forcée d'une nonne et d'un marine sur une île au départ déserte jusqu'à ce que les troupes japonaises décident de s'y installer.
A travers eux, se sont deux religions qui se côtoient : le catholicisme chez sœur Angela et les Marines chez Mr Allison. Il s'agit d'ailleurs d'un parallèle assez osé que de mettre sur un pied d'égalité religion et armée. Malgré leur respect mutuel (elle l'appelle Mr Allison, il l'appelle M'dame), ces engagements pris envers Dieu ou envers les Marines représentent une fossé infranchissable, symbolisé par la robe de nonne et l'uniforme qu'ils portent tout-au-long du film. On comprend ainsi très vite qu'aucune histoire d'amour n'est possible entre eux, étant trop différents. S'ils ne s'étaient pas retrouvés perdus ensembles sur cette île, ils n'auraient d'ailleurs jamais appris à se connaître et aucun sentiment ne serai apparu. Ce sont les circonstances qui créent l'amour (ou l'amitié). Ce qu'on retrouve traduit dans la mise en scène. De tout le film, Huston ne fait aucun gros plan visage, le paysage étant donc toujours visible à l'image. Comme pour nous dire que l'environnement dans lequel nous nous trouvons influence immanquablement notre comportement.