John Huston dévoile à nouveau sont talent dans un film sans prétention mais certainement pas dénué d'intérêt. A son aise dans la réalisation pour n'importe genre de cinéma auquel il s'attaque, il signe ici un film d'aventure sur fond de seconde guerre mondiale. Réfutant le manichéisme à la plus simple expression du patriotisme américain habituel, il élude les problématiques soulevées par la guerre et les critiques qui en découlent pour se concentrer sur son contexte et se reposer sur le talent naturel de ses acteurs. Robert Mitchum à l'affiche, secondé par la charmante Deborah Kerr, Huston derrière la caméra, il n'en fallait pas plus pour m'emballer.

Mr Allison (Mitchum) est un marine qui s'échoue sur une île perdue au coeur du Pacifique. L'île comporte son lot de constructions hâtives et de bunkers de fortune, mais tout semble désert jusqu'à sa rencontre avec une nonne, soeur Angela (Kerr). Celle-ci lui apprend qu'ils sont les seuls êtres humains sur cette île. Livrés à eux-mêmes, il leur suffit de jeter un oeil alentour pour que ce qui semblait être une situation désespérée se mue en un refuge paradisiaque, comme situé au-delà du contexte terrible de la Seconde Guerre Mondiale. Alors rapidement l'illusion d'un paradis pour deux, recelant de vivres (eau douce, fruits, poissons dans la mer, porcs sauvages...) se transforme en une solution d'attente inespérée. Pourtant, sans prévenir, la réalité rattrape nos deux protagonistes avec le débarquement de soldats japonais, les forçant à se réfugier dans une grotte...

La relation entre Mr Allison et Soeur Angela, ainsi que le contexte dans lequel se nouent leurs liens, constitue clairement la force du film. Surtout, et c'est bien là un des talents de Huston, le rythme est parfait. Le spectateur ne peine pas à s'immerger devant les péripéties à l'écran, tantôt scènes de séduction voilée, tantôt d'infiltration dans le camp ennemi, et tout cela parfaitement équilibré par les différentes quêtes quotidiennes qu'un homme se plairait à réaliser sur un île déserte.

Comme mentionné précédemment, pas de manichéisme désagréable, le seul patriotisme affiché consistant à valoriser les Marines américains. D'ailleurs, lorsque Soeur Angela souhaite se rendre aux Japonais pour ne pas mettre en danger le Caporal Allison, à la question "Vous croyez [qu'ils me feraient du mal] ?" Mitchum répond qu'il n'en sait rien, mais qu'il préfère qu'elle reste avec lui. D'autres auraient dit oui sans hésiter, c'est pourquoi ce petit exemple m'a semblé pertinent.

Toujours est-il que Heaven Knows, Mr Allison est un bon film d'aventure qui se veut avant tout divertissant, sans prétendre à la grandeur qu'a pu connaître Huston avec d'autres oeuvres, comme The Asphalt Jungle pour ne citer que lui. Mais Mitchum est là, et avec son petit bateau s'est échoué sur l'île accompagné de tout son talent. Avec un Kerr sobre mais non dénuée de charme et une histoire sympathique, se laisser tenter par la ballade exotique ne sera pas un vice.

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le 26 nov. 2013

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le 26 nov. 2013

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Taurusel

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