Robert Mitchum, qui a prêté serment aux Marines, et Deborah Kerr, qui a prêté serment à Dieu, se retrouvent seuls sur une île déserte du Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale. Unique survivante d’une congrégation religieuse, sœur Angela voit débarquer le Caporal Allison, rescapé du naufrage de son sous-marin. Voilà comment débute ce huis-clos à ciel ouvert sous l’œil de John Huston.


Le cinéaste de l’échec, à qui il est arrivé parfois de torpiller de beaux sujets à force de refuser un certain souffle épique dont il est aussi capable pour donner du corps à l’ensemble, parvient ici à un parfait équilibre. Là où on pouvait craindre un film uniquement bavard et maladroit dans ses rebondissements (à l’image, au hasard, du Barbare et de la geisha réalisé l’année suivante), il mélange avec une rare intelligence les genres pour réussir ce film inclassable, injustement méconnu. Il explore, grâce au talent de ses deux formidables interprètes, la psychologie de chacun, d’abord sans nuances puis, peu à peu, avec finesse. Il exploite parfaitement le magnifique cadre de son histoire avec un véritable sens de la photographie et trouve les ressorts nécessaires pour multiplier les rebondissements.


Entre drame, aventure, comédie, action, survival, film de guerre, il déroule un film riche qui invite à la réflexion. Mettant sur un même pied d’égalité, non sans ironie, l’engagement militaire et religieux, John Huston montre l’évolution de deux personnages qui, nourris de préjugés, peu à peu s’ouvrent à l’autre et s’enrichissent. C’est peut-être un brin caricatural mais l’idée est franchement originale et menée sans temps mort. Un vrai beau film.

Play-It-Again-Seb
9

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Classement des films vus (ou revus) en 2020

Créée

le 5 sept. 2021

Critique lue 322 fois

15 j'aime

9 commentaires

PIAS

Écrit par

Critique lue 322 fois

15
9

D'autres avis sur Dieu seul le sait

Dieu seul le sait
Carnecruse
8

Good night Mr Allison.

Deux solitaires, deux types de solitude, deux façons de l'envisager. Pour l'un état passager, dû aux circonstances, une condition professionnelle. Pour l'autre nécessité vitale, due à l'essence même...

le 10 juil. 2015

17 j'aime

4

Dieu seul le sait
Play-It-Again-Seb
9

À chacun son serment

Robert Mitchum, qui a prêté serment aux Marines, et Deborah Kerr, qui a prêté serment à Dieu, se retrouvent seuls sur une île déserte du Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale. Unique survivante...

Par

le 5 sept. 2021

15 j'aime

9

Dieu seul le sait
Taurusel
7

Heaven knows, Mr Allison...

John Huston dévoile à nouveau sont talent dans un film sans prétention mais certainement pas dénué d'intérêt. A son aise dans la réalisation pour n'importe genre de cinéma auquel il s'attaque, il...

le 26 nov. 2013

12 j'aime

2

Du même critique

Astérix et le Griffon - Astérix, tome 39
Play-It-Again-Seb
7

Le retour de la griffe Goscinny-Uderzo

Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...

Par

le 22 oct. 2021

24 j'aime

23

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

Par

le 15 nov. 2023

22 j'aime

22

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

Par

le 12 août 2022

22 j'aime

10