Le documentaire du critique suédois Stig Björkman consacré à la star de ‘Casablanca’ est remarquable par la richesse de sa documentation, par la qualité des témoignages recueillis et retrace parfaitement le destin hors-norme de la star suédoise. Le documentaire est disponible sur Arte TV, et il ne faudrait surtout pas le louper.
Le documentaire retrace le destin d’Ingrid Bergman grâce aux archives personnelles de l’actrice que sa fille Isabella Rossellini a ouvert à Stig Björkman. On y trouve des vidéos familiales filmées par l’actrice, des lettres écrites par l’actrice lues en voix-off. Ce sont ces archives qui font toutes la qualité de ce documentaire et qui font que ce film sort du lot des documentaires cinématographiques que propose la chaine franco-allemande et qui sont généralement de très bonne facture. Mais celui-ci sort du lot.
La vertu de ce film est d’avoir su montrer les éléments clés de la vie de cette femme quitte à en laisser certains de côté. Le film commence à la naissance de la star en Suède jusqu’à son décès prématuré en 1982 à l’âge de 67 ans. Sur sa carrière cinématographique, Stig Björkman ne décortique pas tous ces films mais choisit les plus notables : du film ‘Intermezzo’ qu’elle a tournée en Suède et du remake qu’elle a également tourné pour Hollywood, des films qu’elle a fait avec Hitchcock à ceux qu’elle a fait pour Roberto Rossellini jusqu’au chef-d’œuvre de Bergman ‘Sonate d’Automne’.
Mais ce qui m’a le plus intéressé c’est tout ce qui est dit, montré sur sa vie privée. Je précise que le film n’est jamais voyeuriste, jamais indiscret. Mais il développe suffisamment l’aspect personnel de la vie de la star, permettant au spectateur d’avoir un portrait complet, nuancé de cette énigmatique actrice. Son enfance difficile en Suède, sa vie de couple difficile avec Petter Lindström puis avec Roberto Rossellini. Son bannissement des Etats-Unis est également évoqués et le scandale qui en a résulté. On comprend que c’est une femme qui a toujours eu soif d’aventures cinématographiques et personnelles et qui surtout, être chez-elle nulle part. Elle semble toujours en transit, sa vie personnelle étant calquée sur sa vie professionnelle et vice-versa. Elle passe ainsi de la Suède aux USA pour des raisons professionnelles. Elle part ensuite en Italie pour des raisons en premier lieu cinématographiques puis pour des raisons sentimentales. Elle s’établira à Londres, tout en ayant fait un crochet par Paris.
J’ai été frappé par la qualité des témoignages. Les seuls témoignages filmés pour ce documentaire sont ceux des enfants et en point d’orgue, la discussion entre Liv Ullmann, Isabella Rossellini et Sigourney Weaver qui a joué sur scène avec Ingrid Bergman. Mais le portrait qu’ils font d’Ingrid Bergman n’est pas totalement hagiographique.
Le film fourmille par ailleurs d’anecdote amusante et intéressante. Il y a bien sur la lettre fameuse écrite à Rossellini, il y a Renoir qui veut faire un film avec elle pour la voir rire. Son passage en tant que juré du festival de Cannes et son goût peu affirmé pour ‘La maman et la putain’ d’Eustache. On rappelle également le tournage difficile de ‘Sonate d’Automne’.
Surtout ne ratez pas ce passionnant documentaire sur Bergman (Ingrid), l’occasion d’en apprendre plus sur cette actrice plus anticonformiste que ce qu’on pourrait imaginer. Ce documentaire nous donne également envie de se replonger dans l’une des, sinon la plus belle filmographie de l’histoire du cinéma.