Bon ben je dois dire que je me suis bien marré devant ce film. C'est très sans doute involontaire, mais c'est tourné comme une comédie, et moi j'ai tellement ri que je me suis pas emmerdé.


Le scénario est inexistant. Pas de conflit. Un objectif se dessine vaguement pour la mère quand elle décide de mener son combat, mais elle rencontre si peu de résistance en face, que ça en devient insignifiant. En gros, on peut résumer la narration par : c'est l'auteur qui voulait dire ce qu'il a à dire. Et il le fait tellement directement, sans la moindre distance, que ça en devient ridicule.


Surtout qu'on n'arrive jamais à croire en cette situation. Il aurait fallu développer l'altercation en classe pour comprendre le point de vue du prof (qui refuse de croire qu'il s'agit de harcèlement), ou bien montrer que ça peut être ambigu de son point de vue ; on imagine facilement que le cours se soit interrompu après la gifle, puis qu'il y ait eu engueulade et que le garçon ait réussi à embobiner le prof ou que sais-je... mais tout ça on ne le voit pas... tout ce qu'on voit c'est un garçon qui touche une fille, une fille qui se défend et un prof qui nie l'évidence. L'évidence ! C'est ça qui gêne: c'est raconté de manière trop évidente pour qu'on puisse comprendre le camp opposé. Et en plus, comme ils n'ont aucun argument lorsque la mère les accuse, ben ça les rend encore moins compréhensibles.


Les dialogues sont hyper premier degré... tellement que ça en devient vraiment drôle, parce qu'on se dit que ce n'est pas possible d'être aussi peu subtil. Il y a tout de même la mère qui est un personnage construit et bien exploité : elle est à fond dans ce qu'elle fait, si bien que sa mise en garde auprès du petit monstre avant de partir est la petite touche parfaite pour conclure le film en hilarité.


La mise en scène est encore plus celle d'une comédie. Lorsque les parents du garçon se lève, on a même droit à un bruit de vent ! Un bruit de vent ! Le genre d'artifice qu'on utilise surtout dans les mangas mais aussi dans des comédies. Mais quelle idée d'employer ça pour un drame, voyons ! Il y a d'autres artifices sonores du même tonneau, qui rappellent plus la comédie ou qui insistent trop lourdement sur le drame.


Il y a aussi beaucoup de gros plans afin d'appuyer davantage là où c'était pourtant déjà clair. À force d'appuyer de la sorte, le spectateur finit par se demander s'il n'y aurait pas du second degré caché derrière tout ça, comme si l'auteur avait voulu se moquer de ces situations (j'ai pensé à Les nuls)... mais bon là j'en doute, je pense vraiment que c'était involontaire.


Le découpage m'a paru maladroit aussi : de part les choix d'angles et aussi parce que le réalisateur choisit d'isoler chaque personnage avec du flou, on a du mal à le situer les uns par rapport aux autres. En fait, ils sont si bien isolés qu'on a l'impression qu'ils sont tous dans des pièces différentes. Je chipote peut-être, mais j'ai aussi été gêné par ce mini traveling du premier plan, je ne comprends pas trop à quoi il sert : il est tellement lent qu'on le remarque à peine, donc ça n'apporte pas vraiment de dynamique... mais alors pourquoi ça bouge ? Juste parce que dan les séries et les films, on a souvent la caméra qui bouge quand un personnage entre dans une pièce ?


Pour le reste, la photographie est tout de même soignée en soi. La lumière est douce (ce qui étrange par rapport au sujet) et agréable (c'est le seul malaise que le réalisateur parvient à créer : une ambiance douce et rassurante alors que nous sommes face à un drame... mais je pense que c'était là aussi involontaire). Les décors sont bons aussi : ce bureau, on y croit, on sent que c'est un bureau de directrice et qu'il vit.


Les acteurs ne sont pas très bons non plus pour un registre sérieux, surtout les gosses. Par contre, dans un registre comique, ça m'a un peu rappelé le jeu de Dujardin dans OSS117. C'est tellement appuyé que ça fait sourire. J'aime vraiment bien la tronche du père : il ne dit pas grand chose mais on sent qu'il essaie d'exprimer plein de choses avec son visage (le moment où il se retourne vers la directrice à la fin est à entrer dans l'histoire du cinéma Z).


Bref, voilà un film qui m'a fait franchement rire, ça change des daubes habituelles de ce concours, des daubes qui sont bien trop sérieuses et dont il est difficile de rire... ici, et je le répète c'est involontaire, on trouve des tas d'occasions de rire.

Fatpooper
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le 2 mai 2016

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Fatpooper

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