Après le gaffeur, le distrait, le rêveur, Pierre Richard poursuit sa peinture de caractère des personnages un brin lunaires avec ce timide. Dans son style bien à lui, autrement dit généreux, un peu facile et parfois maladroit, Pierre Richard se met une nouveau fois en scène dans une enfilade de sketchs qui s’emboîtent plutôt pas trop mal pour brosser le portrait de son timide maladif. Petite nouveauté par rapport à ses précédents efforts, il s’adjoint la présence presque continue d’un complice en la personne d’Aldo Maccione. Excellente idée car Pierre Richard n’est jamais aussi bon que quand il est en duo. À l’époque, Aldo avait participé à quelques films français mais il n’était pas encore la tête d’affiche des navets qu’il tournera dans les années 80.
Il faut en convenir, ce Je suis timide mais je me soigne est une comédie pas très dégourdie, globalement mal aimée, mais je l’ai toujours trouvée drôle, autrement dit efficace. Tous les gags ne font pas mouche mais de nombreuses séquences sont hilarantes, le duo vedette fonctionnant en outre à merveille. Bercé par la mélodie de Vladimir Cosma, l’ensemble dégage une certaine fraîcheur propre aux comédies sympathiques des années 70 avec, comme toujours chez Pierre Richard, une critique sociale (ici le poids de l’apparence et de la richesse).
La réalisation est, certes, plutôt basique (les erreurs y sont nombreuses) mais il se dégage de l’ensemble une véritable sincérité qui permet de passer l’éponge sur les maladresses. La variété des gags (comique de situation, comique de caractère, comique de geste, comique de répétition, comique de mots, comique de mœurs), même si la valeur de chacun est inégale, est ici conséquente. Si on peut, du coup, reprocher à l’ensemble un manque d’unité, je lui trouve, pour ma part, une certaine richesse. Ce n’est pas grande comédie, mais c’est particulièrement efficace.