Au palmarès de Venise pour son scénario puis présenté pour la première fois en France, à Biarritz, Ainda estou aqui marque le grand retour de Walter Salles, 12 ans après Sur la route. L'histoire que le cinéastel raconte, ancrée dans le début des années 70 au Brésil, avec une dictature militaire au pouvoir, s'inspire du livre du fils de la famille Pavia que Salles a côtoyé, à la même période. Ce retour en arrière, qui n'est pas gratuit, eu égard à ce qu'il s'est passé ces dernières années dans son pays, décortique un système autoritaire et ses exactions, comme ont pu le faire certains films latino-américains dans le passé, plutôt argentine et chiliens que brésiliens, d'ailleurs, mais compose surtout le portrait d'une famille heureuse et privilégiée, soudainement privée du père. Un seul être vous manque et tout est à réinventer, la sphère familiale, la gestion financière, la mémoire de celui qui a disparu. Eunice Paiva est un personnage fantastique, presque trop beau pour être vrai, de par son courage, son calme et son obstination, mais son extraordinaire interprète, Fernanda Torres; la joue avec une telle flamme qu'il n'est pas question de douter de son incroyable force de caractère. Le film trouve sa voie; avec une grande sérénité; dans un classicisme parfaitement adapté à son sujet : le récit est implacable et la mise en scène jamais prise en défaut, y compris quand elle touche à l'émotion. Enfin, la B.O. est particulièrement riche, illustrant avec bonheur la floraison musicale de l'époque et une certaine insouciance. Le contrepoint avec les sévices d'une féroce dictature militaire n'en est que plus saisissant.

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le 21 sept. 2024

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