Le film est un énorme succès au Brésil, notamment critique (il suffit de voir les notes sur Letterboxd), mais il n'est pas rare que des films populaires dans un certain pays ne soient pas aussi impactant à l'étranger. Ce n'est pas le cas de Je suis toujours là, car si avoir tout le contexte de la dictature militaire brésilienne peut aider sur certains éléments, il pose ses enjeux et son contexte historique de façon à ce que n'importe qui puisse comprendre. Et si le film est important dans ses thématiques et dans la culture brésilienne, il est avant tout un excellent film tout court.
Structurellement le film est parfait, on pense du temps dans le quotidien de la famille, plutôt aisée, et si on peut voir les effets de la dictature, ils sont présents en fond et n'impactent pas directement les personnages principaux, en apparence. Dès que le père disparaît, tout change, le ton, l'ambiance, et le placement de la caméra de Walter Salles qui en vient à évoquer le cinéma d'horreur sur certains plans. Et c'est parce qu'on s'attache instantanément à cette famille qu'on en vient à ressentir leur détresse quand leur quotidien est bouleversé. Et c'est à ce moment là que Fernanda Torres peut justifier toutes les éloges qui lui ont été faites depuis la première diffusion du film, elle est un pilier aussi bien pour sa famille que pour le film en lui-même, qui vit au rythme de ses émotions, et qui ne tombe jamais dans le pathos ni dans du mélodrame bas de gamme. Une performance silencieuse mais terriblement efficace et dévastatrice.
Le cœur du film m'avait déjà conquis, mais il a deux (!) épilogues, et les deux m'ont totalement achevé, j'étais en larmes pendant toute la dernière partie du film. Ils sont pleinement nécessaires pour conclure le propos du film, mais aussi nous faire comprendre à quel point cette époque a marqué le Brésil. D'ailleurs c'est à ce moment là que j'ai capté que c'était adapté d'une histoire vraie (pour ma défense je ne savais pas grand chose du film...), et c'est aussi à mettre à son crédit, car on s'attache naturellement aux personnages qui nous sont présentés, au lieu de les connaître par une simple idée préconçue de qui ils sont.
C'est clairement la première grosse claque de 2025 en ce qui me concerne, bouleversant émotionnellement parlant, important d'un point de vue historique, ancré par une performance magistrale de Fernanda Torres, il est d'une richesse thématique assez dingue, et il mérite qu'on s'attarde dessus.