Malgré son casting solide, le deuxième long-métrage de Thomas Vincent est passé complètement inaperçu à sa sortie (à peine 120 000 entrées en France), et ce n'est que justice à mon avis, même si le réalisateur a le mérite de s'éloigner des sentiers battus.
Dans sa première partie, "Je suis un assassin" s'apparente à un thriller lambda, reprenant à son compte des éléments narratifs archétypaux : le nègre littéraire, le contrat faustien passé dans un train, le type banal qui devient un criminel par hasard et par opportunité...
Sans être ennuyeux, le film souffre alors d'un manque d'originalité et d'une certaine fadeur, accentuée par le caractère désespérément ordinaire des personnages, auxquels on peine à s'attacher tant on en sait peu à leur sujet.
C'est dans sa seconde moitié que le film sort des rails attendus, quittant les rives du polar pour basculer dans le drame psychologique, Thomas Vincent décrivant les ravages de la culpabilité sur la psyché fragile des deux complices du héros, tandis que ce dernier conserve au contraire une forme de sérénité.
L'argument n'est pas dénué d'intérêt, mais concrètement le film a tendance à s'effondrer progressivement. L'évolution psychologique des uns et des autres n'apparaît guère crédible, d'autant que certaines scènes flirtent avec le ridicule.
Pour ma part, je n'ai pas accroché à cette relecture d'un roman de Donald Westlake ("Le contrat"), guère convaincu par le surjeu parfois grotesque d'un Bernard Giraudeau. Plus sobres, François Cluzet et Karin Viard ne m'ont pas particulièrement séduit ni impressionné, et ce sont plutôt les seconds rôles qui se mettent en valeur (Anne Brochet, Jacques Spiesser).
A la suite de cet échec, Thomas Vincent se tournera plutôt vers la télévision, entre séries à gros budget ("Versailles") et téléfilms de prestige ("SAC, des hommes de l'ombre"), avec ponctuellement quelques incursions au cinéma.