Décembre 1965. C'est tout ce qui s'est écoulé depuis que j'ai hérité du monde. Seulement trois ans. J'ai l'impression que ça fait 100 millions d'années.
Vous êtes des monstres. Je suis un homme. Le dernier.
The Last Man on Earth est une science-fiction post-apocalyptique horrifique basée sur le roman de 1954 "Je suis une légende" de Richard Matheson, et réalisé par Ubaldo Ragona et Sidney Salkow. En tant que première des trois adaptations cinématographiques consacrée à l'œuvre littéraire avec en 1971 ''The Omega Man'' de Boris Sagal, et en 2007 ''Je suis une légende'' de Francis Lawrence, The Last Man on Earth se dresse comme un drame épouvantable, éprouvant et saisissant dans lequel l'on suit la lente marche d'un homme plus mort que vivant déambulant comme un spectre dans un monde dont il est le dernier représentant vivant. Une terre qui est aujourd'hui le terrain de chasse des vampires qui durant la nuit prennent possession des rues pour au lever du jour les laisser vides de vie, laissant alors le champ libre au Dr Robert Morgan (Vincent Price). Dernier survivant immunisé aux germes mortels vampiriques qui s'est abattue comme une grippe virale dont on suit le parcours routinier pour sa survie, où durant la journée il traque et élimine les créatures nocturnes pour à la tombé de la nuit se barricader dans sa demeure pour se protéger du danger extérieur. Un long cheminement fait de désespérance que supporte depuis trois ans Morgan qui tente désespérément avec désillusion de rechercher d'autres survivants.
Une œuvre blafarde et déprimante qui met en vedette un Vincent Price incroyable qui littéralement déchire l'écran de sa présence. Une performance impressionnante à travers un rôle difficile à mettre en place puisqu'il est seul, tout seul. L'acteur a la lourde tâche de capter l'attention du spectateur à travers un film où sans sa vedette il ne se passe rien. Si bien qu'il est le premier vecteur du récit, devant continuellement maintenir l'attention par sa prouesse, l'action étant diluée avec parcimonie. Une tâche dont s'acquitte à merveille l'acteur qui va jusqu'à faire frissonner le public sur plusieurs séquences dont une particulièrement déchirante, où on le voit se mettre à rire aux éclats devant son poste de télévision pour vaciller aux larmes et à la tristesse. L'abattement total sur une perte de désespérance crève cœur qui illustre à merveille l'affliction profonde éprouvée par un personnage malheureux à en crever à l'image du monde angoissant et alanguissant dépeint.
Un monde vide déprimant, filmé en noir et blanc via une mise en scène qui accentue adroitement l'étrangeté du décor. Une cinématographie minimaliste qui favorise une atmosphère austère reflétant la désolation qui règne. Un excellent travail compte tenu du budget réduit. Une retranscription qui trouve son horreur non pas dans les vampires qui tiennent plus de zombies idiots manquants clairement de consistance et d'éloquence, mais dans le cadre cafardeux, solitaire et sans espoir parcouru. Un contraste difficile que la géniale composition musicale du duo Paul Sawtell et Bert Shefter vient sublimer par une partition redoutable à écouter absolument pour son imprégnation morbide. À travers le périple ankylosé de Morgan on va découvrir des scènes engageantes comme avec le long flash-back centré trois ans plus tôt, au début de la peste, où l'on voit le monde vaciller et la famille du Docteur disparaître. Un moment angoissant offrant une reconstitution glaçante de la peste noire, avec les cadavres et autres malades enlevés par la Garde nationale qui les jettent dans une gigantesque fosse d'immolation. S'ensuit la découverte d'un chien qui sera synonyme d'un espoir que Morgan n'espérait plus pour lui être aussitôt retiré. Jusqu'à l'arrivée de Franca Bettoia pour Ruth Collins, une infectée sous traitement (moitié humaine, moitié vampire) qui tente de reconstruire la société avec une poignée d'individus de laquelle Morgan est exclu en tant que dernier représentant des hommes, devenant le monstre du nouveau monde et ses nouveaux occupants la normalité.
CONCLUSION :
The Last Man on Earth réalisé par Ubaldo Ragona et Sidney Salkow est une science-fiction d'horreur post-apocalyptique qui doit sa réussite à la performance inégalable de Vincent Price. Un comédien monstrueux qui sous les traits du dernier homme sidère dans sa lutte désespérée pour rester mentalement sain d'esprit, et survivre au monde des morts. Un film à la cinématographie engageante pour une atmosphère redoutable desservie par un récit un brin ankylosé par des trous de rythme et les vampires-zombies pas très convaincants que compose l'action.
Une œuvre à découvrir pour son affliction profonde.
Une autre journée à affronter, je ferais bien de m'y mettre.