Critique rédigée en mars 2018


De retour de vacances en Espagne, Élise dite "Lili" (Mélanie Laurent), une jeune étudiante âgée de 19 ans, apprend que son frère jumeau, Loïc, s'est enfui de la maison après s'être violemment disputé avec leur père (Kad Merad). Profondément touchée par son absence continuelle, la jeune fille se laisse peu à peu mourir de faim et est hospitalisée. Cependant, une lettre signée de son frère lui parvient, dans lesquelles on apprend qu'il voyage à travers la France, loin de ses relations familiales conflictuelles. Mais que devient réellement Loïc, au fond?


Adaptation du roman du même nom signé Olivier Adam (2000) ayant dépassé le million d'entrées lors de sa sortie en salles en 2006, ce film signé Philippe Lioret (entre autres réalisateur de L'Équipier en 2004 et Welcome et 2009) s'avère être une oeuvre émotionnellement très puissante ! L'histoire, naviguant spatialement entre paysages essonniens (qui me sont par ailleurs familiers ^^) et normands, apparaît d'abord comme un sorte de drame social pour finalement se pencher davantage vers le thriller moral dans lequel le spectateur doit distinguer le vrai du faux, dans l'intrigue.
Mélanie Laurent est une actrice française que j'apprécie beaucoup, que ce soit dans le doublage (le fameux Mon voisin Totoro et Vice-Versa) mais aussi dans les rôles physiques (Le Concert de Radu Mihaileanu, Enemy de Denis Villeneuve, Inglorious Basterds ou plus récemment dans Le Retour du héros). Réaliste et touchant, son personnage y part à la fois à la recherche de son frère mais surtout à la recherche d'elle-même, tourmentée par une absence insupportable à la fois pour elle et pour nous, spectateurs, et pesée par le thème principal du film (U-Turn d'AaRON, entre la bande-son originale de Nicola Piovani- La vie est belle), revenant durant maintes fois. Rejoignant cette idée directive, la musique, art indispensable, joue un élément clé dans le film:


elle rapprochera les personnages plusieurs fois ; la première, lorsque Lili songe à son frère, la seconde lorsque Merad prend conscience de la gravité des faits et tente, en vain, de rattraper le temps qu'il n'a pu consacrer à son fils durant son enfance, en écoutant son album, étant musicien.


Cette ambiance nostalgique et aux allures mystérieuses au sein des situations présentes s'installe dès le début du film, distinguée par l'absence totale de musique même à la première image, annonçant par avance ce qu'on a à attendre de la suite de l'oeuvre.
Le plus fort dans le portrait des personnages, c'est que nous remarquons qu'en l'espace temporel d'un an, malgré le drame ici présent, notre héroïne est inconstante, et Lioret, même s'il adapte seulement une oeuvre littéraire, réussit à ne pas rester bloquer sur la case film tire-larmes et en tire finalement toute une morale présentée comme une véritable mise en garde pour certains spectateurs qui s'y reconnaîtront, le tout révélé à travers la fin:


les parents de Lili lui ont en réalité menti sur le sort de Loïc, s'étant tué d'une violente chute en séance d'escalade durant l'absence de sa soeur. Cette fin montre terriblement les conséquences du mensonge sur la vie de famille, ou sur une personne en générale, mais plus sereinement encore, que le mensonge peut aider certaines personnes à tenir en vie, tout ceci dû à l'absence.


La narration chuchote ainsi au creux de l'oreille du spectateur une parole obscure que ce dernier devra prendre comme bon lui semble. Pour ma part, j'opterais davantage pour la première.
Philippe Lioret fournit avec Je vais bien ne t'en fais pas un drame se démarquant des autres films français habituels de notre décennie, ponctué de personnages intéressants, tantôt énervants tantôt touchants, et qui prête sérieusement à réfléchir.

Créée

le 18 déc. 2020

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