Shownuns!
Alors un de mes réalisateurs préférés dirigeant dans un rôle principal une des actrices préférées, autant le dire, Benedetta était une de mes plus grosses attentes de l'année ̶2̶0̶2̶0̶ 2021...
Par
le 12 juil. 2021
75 j'aime
26
Le daron le plus néerlandais du cinéma français voit sa prestigieuse fin de carrière suivre sa lancée avec cette très intrigante adaptation biographique de l'abbesse Benedetta Carlini (Virginie Efira).
Sa truculente scène d'introduction nous prévient ipso facto ; Benedetta ne choisit pas son angle, et nous balance en pleine tronche une succession de plaisanteries douteuses ayant pour principal sujet
les besoins corporels.
Avec son montage dynamique rappelant la farouche ouverture « reportage » de l'indémodable Starship Troopers, l'authentique récit jadis réhabilité par Judith C. Brown voit la pluralité de son bagage émotionnel faire peau neuve par un cinéaste n'ayant plus rien à prouver en matière de crudité et de propos acerbes.
Le visage angélique de Virginie Efira dans la peau de Benedetta (Virginie Efira) se marie à merveille tout le long à celui de Daphné Pataki, austère Bartolomea, liés par une passion mystique autant qu'envahissante. Une relation inattendue dès lors qu'on en découvre la genèse puisqu'elle progresse continuellement en dépit de l'impassibilité de la communauté relatée.
Une position de choix sublimée par la séquence didactique dans laquelle Benedetta apprend à Bartolomea à compter - et Bartolomea à manier la plume à Benedetta.
Melting pot de la filmographie de Verhoeven à ne pas mettre entre toutes les mains, évoquant autant la manipulation féminine que son émancipation en passant par le carcan que soulève le puritanisme religieux, le film prend soin de taire sa classification pour donner sens à ses ambigüités intrinsèques. Un savant mélange que certains trouveront grandguignolesque, qui dans un sens n'a d'égale que ce que fait Verhoeven en moyenne depuis Total Recall.
En outre toute la seconde partie du métrage est portée par le climax psychologique, souvent hystérique et nullement faiblie, tout en baignant dans une ambiance globale renvoyant à la nervosité du Jeanne d'Arc de Besson - exemple qui fâche et pourtant si évident - et la sensualité confuse des Liaisons dangereuses de Stephen Frears, et traitée bien entendu avec des bribes de Basic Instinct. Et, bien entendu, portée par la solide interprétation de Charlotte Rampling et le déboulement de Lambert Wilson en nonce étonnant dans sa froideur.
Un O.V.N.I. d'une modernité démesurée et à l'ambigüité saisissante qui arrive, avec parcimonie, à disséquer un univers en pleine détresse avec une belle dose de jouissance, et dont je serai prêt à parier la longévité.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films LGBTI+, Les meilleurs films sur la religion, Les meilleurs films sur le christianisme, Les meilleurs films avec Lambert Wilson et Les meilleurs films avec Charlotte Rampling
Créée
le 27 juil. 2021
Critique lue 3.6K fois
37 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Benedetta
Alors un de mes réalisateurs préférés dirigeant dans un rôle principal une des actrices préférées, autant le dire, Benedetta était une de mes plus grosses attentes de l'année ̶2̶0̶2̶0̶ 2021...
Par
le 12 juil. 2021
75 j'aime
26
Paul Verhoeven est un éternel franc-tireur. Un crucifieur de la bienséance. Un provocateur controversé. Son cinéma reprend sa place d’instrument de libération bien décidé à s’absoudre des...
Par
le 12 nov. 2021
60 j'aime
9
C'est Brigitte. Elle est vive d'esprit, et au moyen âge, les filles vives d'esprit finissent violées ou au bûcher. Habile, son père la sauve de ce destin tragique et la place dans un couvent contre...
Par
le 7 janv. 2023
57 j'aime
30
Du même critique
Snobant les salles obscures car trop intimidé par la sortie simultanée de la (au demeurant générique) suite du film avec les hommes bleus, Glass Onion: Une histoire à couteaux tirés n'en demeure pas...
le 17 déc. 2022
39 j'aime
28
Le daron le plus néerlandais du cinéma français voit sa prestigieuse fin de carrière suivre sa lancée avec cette très intrigante adaptation biographique de l'abbesse Benedetta Carlini (Virginie...
le 27 juil. 2021
37 j'aime
3
Aisément considéré comme un des favoris du nouveau « cinéma vérité » français, le nouveau long-métrage de Cédric Jimenez, revenant après avoir joué les Friedkin avec son polar La French (2014), puis...
le 14 sept. 2021
36 j'aime
22