Je vais craquer est une bonne satire sociale réalisé par François Leterrier, écrite par Gérard Lauzier d’après son excellente BD La Course du rat (publiée en 1979) qui met en scéne Jérôme Ozendron (joué par un très bon Christian Clavier) un jeune cadre d'une trentaine d'année dynamique marié à Brigitte (jouée par l'excellente Nathalie Baye) avec laquelle il a trois enfants... qui va être brutalement licencié de son entreprise... et va rencontrer sur son chemin Chris (joué par Marc Porel), un ancien ami, devenu une star de cinéma... Natacha (jouée par la sublime Maureen Kerwin), une call-girl maqué par un ancien Baroudeur (joué par l'excellent Jean-Paul Zehnacker).... et Liliane (jouée par une excellente Anémone) une jeune fille au physique ingrat un peu collante, qu'il a rencontrée lors d'un spectacle de rue... Complètement grisé par ses fréquentations branchées qui lui feront miroiter une autre vie que la sienne, Jérôme finira par abandonner femme et enfants...
Gérard Lauzier (Les Chroniques de l'île grande) auteur complet (Scenario et Dessins) de bandes dessinés décapantes, toniques et cruelles... touche sa cible favorite (avec cette BD et ce Film)... les intellectuels de salon post soixante-huitards, les cadres moyens qui se voudraient supérieurs, les noctambules du tout Paris... avec ce premier long métrage dessiné qui se retrouve quasi directement adapté pour le grand écran sous la houlette du producteur Yves Rousset-Rouard (Emmanuelle) et par lui même d’où la réussite du projet... qui restitue le défilé des truqueurs, des ratés et des parvenus avec son scalpel habituel... Je Vais craquer est bien plus qu’une œuvre de boulevard, en fait ce film s'inscrit dans la tradition des comédies Italiennes (il en possède la cruauté, l'art du stéréotype et la misogynie foncière)... Malgré (le seul bémol du film) sa mise en scéne platement réalisé par François Leterrier qui récidivera quelques années plus avec Tranches de vie en 1985... Enfin bref, cette satire est une bonne dénonciation de l'arrivisme, du pouvoir de l'argent, de l’égoïsme, de l'hypocrisie et de la médiocrité dont le sarcasme fonctionne très bien porté le brio des dialogues cinglants, la justesse du ton et l'interpretation des acteurs... Et tout particulierement Christian Clavier, Nathalie Baye et Anémone.