Voilà une comédie qui passe assez peu à la télévision et qui n’a connu qu’un succès très modeste. Moins abouti et plus daté que Les Babas-cool réalisé l’année suivante par le même François Leterrier et avec Christian Clavier et Anémone, le résultat demeure très sympathique. Si l’ensemble pêche parfois par son rythme trop ronronnant, le film vise plutôt juste sur le fond. À l’image des Babas-cool où Christian Clavier interprétera à nouveau un jeune cadre trentenaire dynamique qui fantasme une autre vie, notamment sexuelle, auprès d’une communauté hippie, il se frotte ici à une certaine jet-set des années 80 qui ne manque pas, elle non plus, de faux-semblants douloureux à encaisser pour les âmes trop pures.
Écrite par Gérard Lauzier, cette comédie est une vraie petite vacherie avec quelques portraits au vitriol. Peinture acide d’une société hypocrite, elle n’épargne personne, et encore moins son personnage principal qui tente de s’extraire du monde conformiste dans lequel il s’est construit pour se frotter au monde de la nuit, des femmes et du cinéma. Pas fait pour cet univers qui ne cesse de se servir de lui en raison de sa naïveté et de son incapacité à être ce qu’il aimerait être, Christian Clavier se retrouve sacrément chahuté dans ce film dont la férocité du propos l’éloigne parfois de la simple comédie. À l’image d’un épilogue qui sacre le succès de l’hypocrisie après avoir montré son personnage principal en sanglots dans les bras de sa fille cadette.
Bien interprété, amusant par moments, s’il souffre de quelques maladresses, le film se regarde bien. Ce n’est pas trépidant comme une comédie totale mais on apprécie la justesse de cette peinture sociale typique de la fin des années 70 et du début des années 80 qui fit le succès de la troupe du Splendid. Plus profond que ce qu’on imagine même si l’ensemble souffre aussi d’être le premier travail de Gérard Lauzier pour le cinéma.