Comme ce premier paragraphe ne l’indique pas, aucun remboursement n’a été demandé après visionnage par la rédaction.
À la vue du métrage on ne pourra échapper à ces sérieux écueils qui sont à déplorer, trahissant alors un manque de confiance certain envers son publique : des flashbacks de la finesse d’un camion benne vous déchargeant dans les yeux ; ou encore la musique rendant la scène finale kitsch à en pleurer (remplissant alors de manière détournée sa vocation de tire-larmes). Si les ficelles des personnages sont en réalité des câbles, le film parvient tout de même à émouvoir. L’auteur de cette critique a d’ailleurs dû appeler sa grand-mère pour prendre de ses nouvelles à la sortie de la séance, touché par la performance de Miou-Miou.
Film à message, comme son très cordial prédécesseur Pupille, Je verrai toujours vos visages nous introduit à la « justice restaurative ». Ce procédé met en relation des victimes et des auteurs d’infractions de même nature afin d’établir un dialogue. On suivra les destins parallèles d’un cercle de parole lié par le vol, ainsi que le parcours de Chloé (Adèle Exarchopoulos) victime d’inceste, craignant de se retrouver de nouveau confrontée à son violeur. Le tout incarné magistralement par un cast dont le cachet net d’impôts cumulé a probablement dû dépasser le budget de la justice restaurative depuis 2014.
Bien qu’une large audience soit ciblée, on veut ici lui véhiculer autre chose que des stéréotypes racistes (salut De Chauveron). Ici, les habitants de cités sont traités comme de vrais personnages et non comme ne formant qu’une horde informe, attaquant nos braves policiers (bonjour Jimenez). C’est un film qui traite sérieusement de l’horreur du viol sans se sentir obligé d’en faire un plan fixe de 10 minutes (coucou Gaspar Noé et le male gaze).
Rappelant La nuit du 12, Jeanne Herry tronque la subtilité pour parler au plus grand nombre, acheminant les échos d’un discours vertueux à la rétine de certains réfractaires.