Je verrai toujours vos visages s'inscrit dans la tradition française du drame social avec ici un sujet très spécifique qu'est la justice restaurative. On sent que le sujet a été travaillé et documenté. Les dialogues fonctionnent et sont portés par un casting all stars impliqué. Difficile de ne pas être touché, sensible à cette ode à l'humanisme. Miou-Miou est réellement déchirante dans son rôle de grand-mère apeurée qui s'exclue du monde toujours plus fou et enragé. Cette bienveillance fait écho au Pupille de la même réalisatrice qui n'hésite pas à se frotter à des sujets de société délicats. Et c'est là le principal intérêt du cinéma de Jeanne Herry à mes yeux.
Parce qu'une fois passé le côté pédagogique, les dialogues et le talent devant la caméra, son cinéma souffre à mes yeux d'une mise en scène ainsi que d'une photographie terne, beaucoup trop en retrait pour réellement épouser son sujet. Et je reste dubitatif devant cette bienveillance générale feel-good sur le clap de fin. A la frontière de la guimauve pour sortir d'un film dur de 120 minutes pour que le spectateur ressorte l'esprit léger et convaincu de ce système. J'aurais aimé qu'on le questionne davantage quitte à montrer que cela ne convient pas à tous les cas de figure.
C'est ma limite avec ce film, et je me sens presque intransigeant parce-qu'en soi il réussit tout ce qu'il entreprend et c'est compliqué de le détester. Mais j'ai aussi l'impression qu'il coche toutes les cases du cahier des charges de ce type de drame social. Néanmoins, pour son côté pédagogique et cette mise en lumière de la justice restaurative, le film mérite clairement le visionnage.