Oubliez, l'espace d'un instant, un titre incongru, voire limite hors-sujet.
Pour mieux rêver, s'attendrir, sourire, ressentir, retrouver l'émotion dans ses propres souvenirs.
Pour communier.
Pour assister à une rencontre fortuite. Avec quelqu'un qui se montre effacé, sans émotion, comme hors du monde. Comme s'il se battait un peu contre lui-même. Avec une jeune fille aux allures de douce âme turbulente, respirant la joie de vivre. Solaire, qui ne tient pas en place.
Aux allures de fée clochette exubérante. Que l'on a envie de prendre dans ses bras, avant de penser, la seconde d'après, qu'elle prend tout l'espace disponible car sa nature débordante a horreur du vide. Une ravissante attachiante, en un mot.
Elle se dépêche de croquer la vie comme elle déguste les abats qu'elle adore, avec ardeur. Comme si elle croyait que manger du pancréas l'aiderait à soigner le sien, qui cesse de fonctionner peu à peu. Elle sait que sa vie sera courte. Elle choisit donc d'en apprécier chaque seconde au plus vite, tout en s'arrêtant sur tous ces petits moments a priori anodins. Pour mieux en apprécier la saveur.
Il est emporté malgré lui dans le tourbillon qui signe son passage dans sa vie. Elle l'entraîne à sortir de lui-même. A accepter. A accepter, surtout, d'aimer et d'être aimé. Et de réaliser que les moments les plus doux et les plus intenses font aussi mal et brouillent les repères. Abolissent la mince frontière entre l'amitié et l'amour. Tandis qu'elle teste ses limites, le force à embrasser ce qui anime son coeur. Un coeur qu'il découvre peu à peu. Il le fuit, parfois, pour mieux s'y abandonner, petit à petit.
Il s'inquiète, s'angoisse quand elle va mal. Il chérit les moments qu'elle lui offre et qui n'appartiennent qu'à eux, loin du tumulte de la chronique lycéenne, des cancans et des amis qui veulent en savoir plus sur cette relation dont ils s'étonnent.
Ils fusionnent et se cherchent. Ils s'offrent et se reprennent parfois, dans une adolescence hasardeuse qui peine à savoir qui elle est et à croire en elle. Mais qui réalise soudain que la vie est fragile, comme la fleur de cerisier au printemps. Qui réalise soudain que la vie est courte, malgré la liste de choses faites et des désirs accomplis qui s'allonge.
Le sourire est constant et la joie de vivre éclatante, même si les larmes de bonheur ou de frustration coulent quand l'autre n'est pas là. Quand l'intime n'est plus partagé. Tout comme toutes ces petites choses, ses paroles parfois absurdes effacées dans un éclat de rire ou un pardon.
Jusqu'à ce que la fin de la route soit atteinte. Elle était connue, mais n'en demeure pas moins angoissante, faisant battre à tout rompre un coeur pris de surprise et qui ne se résout pas à la perte. Les larmes coulent à l'unisson, tant sur l'écran que sur les joues. Avant que la fin de cette amour platonique ne s'apaise par la lecture d'un simple journal intime, illustrée à la manière du Petit Prince. Celui où elle remercie des moments offerts et où il réalise que sans elle, il n'en aurait pas été transformé.
Des souvenirs qui sèchent les pleurs, et des images qui font renouer avec la tendresse que l'on a éprouvée. On ne peut que penser, chacun, à notre propre histoire, moins dramatique mais identique en ce qu'elle a fait naître en notre coeur. On ne peut que penser à cette amitié qui, en y songeant à nouveau, était bien plus que cela. Bien plus que de l'amour aussi. Une communion. Où l'on réalise que l'on est unique et que l'on peut, même l'espace d'un seul été, être aimé.
Et là, ce titre incongru, limite hors-sujet, Je Veux manger ton Pancréas prend tout son sens. Celui d'une fusion. Celui d'une communion. Faite de choix et d'un pas vers l'autre. Même dans l'absence. Pour dire à l'autre toute l'importance qu'il a dans notre vie.
Behind_the_Mask, qui songe à changer sa technique de drague.