1. En vingt ans de carrière, Tran Anh Hùng n’a réalisé que quatre films, trois étant des drames centrés sur le Viêt Nam. Pour le quatrième, il change totalement de registre et se penche vers le thriller ou plutôt le film noir à tendance métaphorique. Une approche inédite pour le réalisateur français d’origine vietnamienne qui revient derrière la caméra après presque dix ans d’inactivité et qui va proposer un long-métrage particulièrement incisif, baroque et atypique, tourné en langue anglaise et à ce jour toujours inédit en France (apparemment du à cause d’une embrouille entre Hùng et les producteurs français).


Nous suivons au premier abord un ex-flic devenu détective privé (Josh Hartnett à contre-emploi) chargé de retrouver le fils du patron d’une société pharmaceutique japonais, exilé dans un orphelinat aux Philippines et qui n’a pas donné de nouvelles depuis presque un an. Notre héros, traumatisé par sa dernière enquête, porte encore les stigmates d’un affrontement aussi psychologiquement que physiquement violent avec un serial killer cannibale. Au début aidé par un ami flic hongkongais, il va rapidement se retrouver seul dans une ville inconnue, pourchassé par ses démons. À cela s’ajoute un triangle amoureux complexe entre le recherché, la gonzesse d’un criminel et ce dernier (interprété par un Lee Byung-hun sous-exploité). Autant de personnages intimement liés, piégés dans une toile d’araignée invisible et dont les destins vont inéluctablement se croiser.


Déroutant, mystérieux, incisif et poétique, I Come with the Rain est une œuvre difficilement abordable pour quiconque souhaiterait voir un thriller classique. Plus proche de la future mise en scène de Winding Refn (qui a l’air de s’en être légèrement inspiré, notamment pour Only God Forgives), le long-métrage est une embarcation vers l’inconnu, vers le choc des chairs et l’allégorie chrétienne, un voyage à travers la bassesse humaine et ses faiblesses, sa force aussi, Tran Anh Hùng délivrant un film pas forcément entièrement maîtrisé mais hypnotisant, terrifiant par instants, viscéral. Un film langoureux et percutant, mystique, fort de thématiques immuables qui nous bercent inconsciemment vers un questionnement sans fin. Impressionnant.

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le 6 juil. 2020

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