Je ne connais pas très bien Godard, ni son cinéma, mais ce qui est sûr c'est que je connais peut-être une de ses plus belles œuvres. Je ne me permettrais pas d'analyser en profondeur, juste de dire pourquoi et combien ce court-métrage m'a épaté.
Dans ce court-métrage, Godard nous fait redécouvrir une photo déjà connue de certains, sur la guerre de Bosnie-Herzégovine, où l'on voit un soldat frapper un civil à terre pendant que deux de ses collègues, ignorent la scène. Godard, lui ne l'ignore pas la scène, il la fragmente, la décortique, observe ses moindres détails, la commente d'un texte qui semble être écrit de sa main et de sa pensée géniale en citant Aragon sur un fond de Silouans Song et ne nous dévoile l’entièreté de la photo que dans les dernières secondes. Godard dénonce évidemment le contenu du cliché, en abordant les sujets de la mort, de la règle, de la peur et de l'exception. "Il est de la règle de vouloir la mort de l'exception". Godard rend hommage aux sarajéviens, par cette analyse philosophique de l'exception : " Où cela se vit, et c'est alors l'art de vivre. Sbrenica, Mostar, Sarajevo". Si ce film est court, il n'en est pas moins long par son contenu et son message, donnez à Godard un ruisseau, il vous en fera un fleuve.
"J'ai vu tant de gens si mal vivre, et tant de gens mourir si bien."