J’avais adoré ce film au cinéma, puis je lui avais attribué la note de six étoiles après l’avoir revu en vidéo à la maison (accusant quelques paresses dans le rythme, et un final cédant aux archétypes), et maintenant que je le revois pour la troisième fois pour écrire cette critique je renoue avec mes premières impressions.


Il faut dire que ce Jean-Christophe & Winnie n’est pas exempts de défauts, et j’imagine qu’on ne l’accueille pas de la même manière selon qu’on se sente plutôt d’humeur nostalgique, chagrine ou enjouée lorsqu'on le visionne. Aussi le contexte du film est auréolé de tristesse, ou plutôt de mélancolie, et il a la capacité, en ce qui me concerne, de me plonger dans un océan d’émotion incroyable.


L’œuvre aborde le thème de l’enfance, comme dans Peter Pan, et bien sûr du passage à l’âge adulte. Tout ce que nous laissons derrière nous, notre fantaisie, notre imaginaire, notre capacité à rêver, à jouer, à aimer, peut parfois s’estomper dans les responsabilités et les obligations de la vie, sans même que l’on ne s’en rende compte véritablement. Dans cette histoire, Winnie l’Ourson et ses amis se rappellent au bon souvenir de Jean-Christophe, en débarquant dans sa vie de papa torturé par le travail, et en chamboulant sa conception de l’avenir et de la famille.


J’adore l’idée. J’aime beaucoup la manière dont le film se déroule. L’histoire est d’une tendresse folle. Certaines personnes n’apprécient pas la naïveté de Winnie, moi j’adore cette innocence poussée à son paroxysme, elle fait de Winnie l’un des personnages les plus touchants de la famille Disney en incarnant tout ce qui est de plus précieux chez un enfant.


Si ma note a si souvent oscillé, c’est que je ne suis pas fan de la deuxième partie du film, surtout la course à l’action finale très conventionnelle, qui piétine un petit peu toute l’authenticité et les éléments qui distinguent l’œuvre des convenances habituelles. Le fait que Winnie (et ses amis) ne soit pas une incarnation de l’imaginaire de Jean-Christophe, mais qu’ils existent véritablement, pose quelques problèmes de crédibilité avec le thème qui nous interroge sur la place de notre âme d’enfant dans nos existences, mais qui perd un peu de son sens dès lors que les personnages s'illustrent comme de véritables individus. Mais en même temps, si Jean-Christophe avait des petites peluches vivantes qui lui parlaient dans sa tête, ça aurait fait de lui un fou qui entend des voix et qui s'invente des amis imaginaires… On a donc l’impression que l’intrigue est sur le fil, tout du long, et ne parvint pas réellement à se décider sur quel pied danser. Dès l'instant où toute la famille rencontre la joyeuse troupe, le public se retrouve devant un film plus traditionnel, à l’image de Paddington, ou de Stuart Little, qui intègre des personnages hors du commun dans un univers réel, sans que cela n’étonne particulièrement les protagonistes. En réalité, j’aurais préféré que le public arrive à la fin du film en s’interrogeant toujours sur la réalité des événements : est-ce que les amis de Jean-Christophe étaient véritablement avec lui à Londres ? Est-ce qu’il ne s’agit pas simplement de la personnification de ses souvenirs refoulés d’enfant ? Le propos n’en aurait été que plus renforcé. Et alors, je suis sûr que le film aurait été un véritable coup de cœur pour moi.


C’est d’autant plus dommage que le contexte du film est assez mélancolique, et semble davantage s’adresser aux grands enfants qu’aux tout petits, en tout cas la seconde lecture du film ne laissera aucun adulte indifférent.


Quoi qu’il en soit, il faut bien reconnaitre que Disney a tapé fort en sortant des sentiers battus et en proposant une véritable relecture de la franchise de Winnie. Le film est audacieux et délivre un véritable message d’amour et de bon sens. Tout y apparait bien défini, les dialogues sont d’une infinie tendresse, les relations entre les personnages sont subtiles, l’ambiance sonore est délicate, l’humour des films d’animation de la forêt des rêves bleus et parfaitement respectés. Oui, il y a quelques passages un peu lents, oui c'est un peu mollasson dans les dialogues, mais j'apprécie aussi cet aspect du film qui renoue avec les oeuvres des années 70 et 80, où le cinéma prenait parfois son temps et où l'on n'était pas constamment harcellé par une avalanche d'effets et de scènes d'actions jusqu'à nous donner la nausée.


J’adore ce film. Il éveille en moi des sentiments incroyables.

Casse-Bonbon

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