Jean-Christophe est cadre dans une grande entreprise londonienne de bagagerie,mais les affaires marchent mal et il est obligé,sous la pression patronale,de travailler tout le temps,ce qui l'éloigne de sa femme Evelyn et de sa petite fille Madeleine.Heureusement il va se reprendre et retrouver son âme d'enfant quand il retournera dans la forêt de ses jeunes années pour y revoir ses amis les animaux qui causent.Disney continue imperturbablement à engranger les dollars en adaptant en live ses succès animés.Le personnage de Winnie l'Ourson a engendré une dizaine de longs-métrages d'animation dans la foulée du classique de 77,et le voici enfin à l'affiche d'un "vrai" film.Il est étrange de découvrir à la réalisation Marc Forster,cinéaste habitué à des trucs plus burnés comme "A l'ombre de la haine",le James Bond "Quantum of Solace" ou "World War Z",mais le gars avait déjà flirté en 2004 avec l'univers Disney en shootant "Neverland",le biopic de J.M. Barrie,l'auteur de "Peter Pan".Pas moins de quatre scénaristes ont été mobilisés pour écrire le scénario,inspiré des livres d'Alan Alexander Milne, de ce "JC et Winnie",il fallait bien ça pour pondre un tel étron.Trois d'entre eux sont pourtant des réalisateurs plus ou moins reconnus vu qu'il y a Alex Ross Perry,le mec de "Her smell",Tom McCarthy,surtout coté pour son "Spotlight",et Mark Steven Johnson,spécialiste du fantastique à qui l'on doit notamment "Daredevil".On peut déjà s'interroger quant au choix du titre français.Pourquoi Jean-Christophe?Un prénom français alors que le héros est un anglais pur jus,ça fait désordre.D'autre part il se nomme Christopher en VO,donc pourquoi ne pas l'avoir tout simplement appelé Christophe si l'on voulait absolument franciser?Mais ce n'est pas grave et s'il n'y avait que ça qui aille ici de travers on s'en contenterait.Non,le problème est que tout va de travers et que ce film se résume à peu près à Ewan McGregor entretenant des conversations neurologiquement entamées avec une poignée de peluches hideuses en images de synthèse mal animées.Pendant qu'une musique atroce vous attaque direct au cerveau,on doit se taper une histoire sans aucun intérêt bâtie sur le néant sidéral et baignant dans une ambiance d'une puérilité et d'une niaiserie confinant à la débilité la plus décomplexée.Sérieux,c'est destiné à qui,cette bouillie gnangnan?Les deux ans?Les deux mois?Les deux jours?Moins peut-être?On sait bien que c'est pour les enfants et que Disney ne fait généralement pas dans la philosophie de haute volée,mais il devrait quand même y avoir des limites,non?Il doit bien exister un moyen terme qui rende les choses supportables?Dans ce cas précis,visiblement la réponse est non.Mais attention on a tout de même droit à notre petit discours moraliste,même au milieu du vide pas question d'y échapper.Ce qu'il faut retenir est que les adultes ne doivent pas oublier les enfants qu'ils furent,sinon ils deviennent comme ce pauvre JC qui,obsédé par son boulot,perdent de vue ce qui est le plus important,c'est-à-dire leur famille.Spielberg avait déjà théorisé ça dans "Hook",film d'un tout autre niveau dans lequel Peter Pan,tiens encore lui,avait occulté l'époque où il ne pouvait vieillir.C'est un postulat qui a une certaine pertinence et semble sympathique,sauf que notre ami JC n'a pas vraiment le choix.Sa femme et sa fille lui font la gueule mais c'est grâce à son travail qu'elles ont de quoi manger et un toit au-dessus de la tête.La fin dégoulinante de connerie apportera la solution à ce cruel dilemme opposant loisirs et boulot,vie de famille et culture d'entreprise.JC a un coup de génie qui va convaincre son patron,et ça vaut son pesant de produits dérivés.Il suffit d'envoyer les employés de la boîte en vacances,de baisser les prix de vente des valoches,et du coup tout le monde va en acheter et faire la fortune de l'entreprise.Bon,pour une idée de génie,c'est plutôt un délire d'abruti.Qui va fabriquer la camelote si les ouvriers se barrent en congés?Le personnel maison achètera-t-il forcément des bagages neufs,et de cette marque-là?Et seront-ils assez nombreux à le faire pour rentabiliser l'opération,surtout si les prix sont minorés?Mais dans le monde merveilleux de Disney on ne s'encombre pas de ce genre de détails.Finalement,ce qui ressort de tout ça est une apologie de la fainéantise et de l'irresponsabilité.On encourage la société des loisirs et l'abrutissement des masses,qui n'ont déjà pas besoin de ça.Le Nouvel Ordre Mondial prépare en douceur les foules ébahies au salaire minimum universel et à la consommation débridée de produits bas de gamme.Des citoyens qui réfléchissent risqueraient de s'opposer à la marche du monde d'après et c'est mauvais pour le business s'ils s'aperçoivent qu'on se fout de leur tronche.Allez les gens,regardez du Disney,commandez chez Uber Eats et Amazon,faites-vous vacciner chez Pfizer,restez sur votre canapé devant Barthès ou Hanouna,et surtout fermez bien vos gueules et votez pour qui on vous dit.McGregor est presque toujours nul,mais là il disparait carrément de l'écran tant il est insignifiant.Hayley Atwell,l'agent Carter en personne,incarne pâlement sa charmante épouse mais la petite Bronte Carmichael est très bien.Le gnome Toby Jones apparait alors qu'il n'est crédité que pour le doublage d'une des bestioles.