Je ne comprends pas. On parle de ça comme si c’était extraordinaire. Un monument national. Et quand je visionne le monument national, j’ai comme l’impression qu’il y a arnaque. Comme dans l’idée que c’est sauvé par la stature de l’autre monument national Pagnol, auquel il ne faut pas toucher, sinon encenser. Adaptez une légende de la littérature, et vous serez couvert de gloire? Parfois. Ça ne marche pas toujours, mais là…le conte réaliste en deux parties de Claude Berri, me laisse pantois.
Film simple. Ensuite, on fait tout pour rester dans l’anecdote, sans jamais élever les débats. C’est peut-être fait exprès pour donner une couleur « villageoise ». C’est une histoire de voisinage, pas très intéressante, et racontée de façon pas intéressante non plus. Á par l’interprétation de Daniel Auteuil qui est bluffant de bout en bout, je ne vois pas. La caméra reste au niveau du reste, anecdotique, et se complaint dans le voyeurisme. Dès que quelqu’un avance sur un petit chemin séché par le soleil, il y a toujours un autre qui l’observe depuis une fenêtre, ou caché derrière un bosquet. Plan répétitif. Qui n’apporte rien. On a compris que c’est un village, que tout le monde se connaît, que ça n’avance pas vite, qu’il y a des secrets bien cachés que tout le monde connaît. Le papet Montand cabotine un peu trop, et Depardieu est égal à lui-même. C’est un drame réaliste, ou une comédie premier degré ? Ça flirte souvent avec le premier degré. Des blagues faciles, des chutes un peu lourdes, et ça rigole de bon cœur, on est loin du drame. Il en est suggéré, jamais exploré. Berri préfère la comédie populaire, et ça se voit, et ça désamorce toute la charge dramatique que le film aurait pu dégager.
On frôle la fausse crise mystique, et le grotesque. A un moment, Jean de Florette, se croit maudit des dieux. Il ne sait pas qu’il est manipulé par Hugonin, et son papet. Un soir d’orage, il se jette à genoux, et se tourne pour haranguer le ciel, qui lui lance des éclairs (?) Heureusement que Depardieu joue bien, sinon…ridicule. Ce lyrisme déplacé aurait fonctionné si le personnage dépeint était croyant convaincu à la base. Aucun sens. On entend un grondement d’orage très évocateur dans le lointain, mais pas un instant on ne l’a vu, lui le bossu aller à l’église avec sa femme et sa fille ; par contre on le voit tout le temps dans des bouquins à calculer le meilleur moyen pour élever ses lapins dans la garrigue. On le présente comme un rationnel, un affairiste, sans foi aucune, et soudain, tout d’un coup, il devient fou mystique (?) Un des nombreux raccourcis qu’on emploi dans le film pour nous amadouer. Une comédie populaire qui ne tient que par le texte de Pagnol, et ça ne suffira pas à aller plus haut. On n’a pas l’essentiel.
L’amitié entre Jean et Ugolin, devrait nous paraître perverse, « malsaine ». Il n’y a que de la camaraderie entre voisins. C’est pas riche comme intrigue. Comédie édulcorant le texte. Et surtout, on sait dès le début qu’il sera l’idiot de l’histoire, donc : (No suspense). Jean c’est une victime consentante sur laquelle on ne peut même pas verser une larme de crocodile. Il ne comprend rien, ne voit rien, est sûr de tout, ne se méfie de rien, Jean qui rit, le donneur de leçon qu’on est assez content de le voir se faire avoir, « sans effort » par les deux paysans. Berri réussit à rendre les deux crapules sympathiques, et la victime ne nous émeut pas, ne réveille pas notre affect. Un bossu gentil, caricatural de naïveté. Je ne pense pas que c’était l’effet désiré... Deux méchants pas si méchants, seulement opportunistes, et le reste du village n’existe pas. La garrigue, on ne la voit pas trop. Pas magnifiée par la caméra. Berri a du mal à trouver le ton juste. C’est du drame de divertissement, donc pas dramatique, et la fin est logique vu le début. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Berri n’est pas expert dans l’art du cliffhanger. Qu’elle fin à chier quand même….Jamais une scène finale, ne m’aura donné aussi peu envie de voir la suite.