Puissant !
Enfin j'ai pu voir Jeanne et je n'ai pas été déçu. Cette fois, après Jeannette, Dumont adapte la fin de Jeanne d'Arc de Péguy. Je ne sais pas s'il a coupé par rapport au texte originel, mais tout ce...
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Année 1429. La Guerre de Cent Ans fait rage entre la France et l'Angleterre. Jeanne, investie d’une mission guerrière et spirituelle, délivre la ville d’Orléans et remet le Dauphin sur le trône de France. Elle part ensuite livrer bataille à Paris où elle subit sa première défaite. Emprisonnée à Compiègne par les Bourguignons, elle est livrée aux Anglais. S’ouvre alors son procès à Rouen devant une assemblée décidée à la faire abjurer.
Beaucoup de films ont été réalisés sur Jeanne d'arc, icône mystérieuse de l'Histoire de France. On se souviendra du Jeanne d'Arc de Besson, de la passion de Jeanne d'Arc de Dreyer ou de Jeanne d'Arc de Victor Fleming.
Après Jeannette qui raconte l'enfance de Jeanne, Bruno Dumont livre son deuxième volet des aventures de la pucelle d'Orléans, d'après les écrits de Charles Peguy.
Film singulier
Comme souvent avec Bruno Dumont, Jeanne est un film original et décalé.
Le film débute avec les premières difficultés militaires de Jeanne et de ses armées contre les Anglais soutenus par les Bourguignons. Puis vient rapidement une plage musicale de 5 minutes durant laquelle on entend une chanson de Christophe, à qui a été confiée la bande originale du film. Filmant son héroine en plan fixe et soulignant déjà le coté statique du métrage, cet interlude constitue l'une des premières originalités du film de Bruno Dumont.
Emprisonnée, Jeanne sera interrogée par un jury de notables religieux, férus de droit selon les dires de l'un d'entre eux, surtout soucieux de la faire abjurer et de la conduire au bûcher.
Le terroir des Hauts de France omniprésent
A la fois contemplatif et minimaliste, s'apparentant souvent à du théâtre filmé, Jeanne fait surtout la part belle à de multiples "joutes oratoires" entre l'ensemble des protagonistes, des acteurs non professionnels (Mention spéciale aux acteurs qui interprètent Nicolas Loyseleur et Gilles de Rais), dont la diction hésitante, marquée par les racines du Calaisis, quelques maladresses grammaticales et un expressionnisme appuyé n'ont d'égal que leur bonne volonté. Le film est traversé d'instants de grâce cinématographiques comme celui où la jeune actrice principale fixe longuement la caméra alors que l'un de ses contradicteurs veut lui faire avouer qu'elle est une sorcière.
Bruno Dumont a choisi de limiter son tournage à 2 lieux bien précis. Il s'agit des dunes du Calaisis (comme dans Ma Loute) et de l'intérieur de la cathédrale d'Amiens. Le cadre du Calaisis cultive un coté forcément anachronique avec ses restes de Blockhaus de la Deuxième guerre mondiale qui apparaissent plusieurs fois dans le cadre de l'image, une façon de nous rappeler que Bruno Dumont n'est pas un cinéaste comme les autres. C'est justement devant l'un de ces blockhaus que se déroule une "conversation surnaturelle" sur les difficultés du métier de la torture entre un "maître de la Question" et une de ses connaissances. Autre séquence surprenante lorsque le chanteur Christophe, à visage découvert, se lance dans une séquence de chant mystique qui incarne le sacré du film ainsi que son originalité. A noter également une courte apparition de Fabrice Lucchini dans le rôle de Charles VII (Il me semblait pourtant que l'acteur s'était beaucoup plaint des conditions de tournage lors de la réalisation de Ma Loute ).
Au final, Jeanne est un film audacieux et insolent de par sa réalisation qui interroge sur la spiritualité ménageant certaines scènes d'une grande originalité, un film dont l'ADN mixte peinera probablement à faire consensus.
Ma note: 6/10
Créée
le 23 sept. 2019
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