Puissant !
Enfin j'ai pu voir Jeanne et je n'ai pas été déçu. Cette fois, après Jeannette, Dumont adapte la fin de Jeanne d'Arc de Péguy. Je ne sais pas s'il a coupé par rapport au texte originel, mais tout ce...
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Après la torture de Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc, massacre sans pitié d'un très beau texte de Charles Péguy, dans lequel un jeu d'amateurs et d'amatrices pour le moins très amateur (dans le pire sens du terme !), qui par malheur font partager souvent aussi leur absence de talent dans la chanson, conjugué à des chorégraphies et une mise en scène d'une répétitivité et d'une paresse à se demander ce qu'avait fumé Bruno Dumont pendant le tournage, voici la suite Jeanne, massacre sans pitié d'un certainement très beau texte de Charles Péguy (je ne peux point l'affirmer, car, cette fois, je ne l'ai pas lu !).
Première partie, on suit sur la Côte d'Opale (oui, encore, symbolisant un côté expérimental intéressant par lui-même qui est la couche servant à dissimuler un manque de budget !) la Pucelle d'Orléans, sous l'aspect de la gamine qui l'avait si prodigieusement mal incarnée dans le précédent opus, s'opposant à ses hommes dans la manière de mener combat avant sa capture (seul grand moment d'inspiration avec ce cheval errant à l'abandon sans sa cavalière !).
Là, comme dans Jeannette, les "comédiens" et "comédiennes" ne savent absolument pas ce qu'ils ou elles récitent, se contentant de débiter leurs répliques rapidement pour s'en débarrasser au plus vite. Mais respirez, prenez votre temps, vivez le texte, mettez-y un peu de conviction. Ce n'est pas comme si Dumont en plus n'avait pas prouvé auparavant qu'il était capable de tirer le meilleur de non-professionnel(le)s.
Juste avant la capture et après une brève apparition de genre une minute de Fabrice Luchini en Charles VII, on passe au procès (constituant la seconde partie !). Ah oui, le seul à chanter ici ce coup-ci (merci, d'être plus gentil pour les oreilles !), c'est Christophe de sa voix éteinte, sentant une vieillesse bientôt fatale.
Bordel, mais elle est magnifique la cathédrale d'Amiens. Cela me donne envie de prendre un billet de train pour la petite Venise du Nord rien que pour visiter cet édifice religieux. Bref, son splendide intérieur sert ici de tribunal (ici aussi, décor quasi-unique, sauf pour les rares séquences en extérieurs !) pour la future martyre.
Et là, j'ai eu envie de souffler à la gamine, mais prends un ton posé, tu n'es pas obligée de crier et ce n'est pas une course de vitesse pour ce qui est de débiter ce que tu as à dire.
Pour les autres interprètes, j'ai eu l'impression, à l'exception d'Antoine Douchet, que ce ne sont pas des professionnels du milieu du théâtre ou du cinéma, mais qu'ils exercent assurément des métiers où la rhétorique est importante étant donné qu'ils apparaissent à l'aise avec celle-ci.
Reste que chacun fait son petit numéro en solitaire, sans tenir compte des autres. Il n'y pas de véritable complémentarité. Ce qui donne, différemment certes, un aspect tout aussi faux que dans la première partie.
Si je devais donner une raison de visionner l'ensemble, c'est pour apprendre ce qu'il ne faut surtout pas faire en matière de direction d'acteurs et d'actrices.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de Bruno Dumont et Les meilleurs films avec Fabrice Luchini
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le 1 avr. 2022
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