Enième biographie de Jeanne d'Arc dans une version resserrée - comme son nom l'indique, le film se concentre sur la seule captivité de Jeanne et encore, le procès est balayé d'une ellipse et de quelques intertitres. Il n'empêche, dans un film sobre et intimiste (joliment éclairé dans une économie de lumière artificielle), Philippe Ramos propose quand même une oeuvre visionnaire et mystique.


Jeanne d'Arc est là (Clémence Poésy, plus jeune fille gracile qu'héroïne illuminée) murée dans le silence quand elle n'entend plus la voix de Dieu et qui redevient combattante quand elle sent à nouveau la force divine dans le flux et le reflux de la mer. Mais plus encore, le cinéaste s'attache à montrer les hommes qui gravitent autour d'elle, ceux qui le méprisent mais surtout ceux qu'elle fascine : un médecin qui essaye de la sauver, au péril de sa vie (Thierry Fremont) ; une capitaine anglais qui lui témoigne respect et humanité (Liam Cunningham) ; un moine qui lui porte assistance dans son cachot (Jean-François Stévenin) ou un prédicateur illuminé qui la suit péniblement jusqu'au bucher et même sur la rivière où seront jetés ses cendres (Mathieu Amalric).


Mais plus encore, Ramos rend tangible la présence de celui qui n'est pas là mais qui, aux yeux de Jeanne la mystique, régit tout : Dieu. Dans Jeanne Captive, cela passe par l'expression de la nature, qui s'oppose aux constructions humaines (le château, le cachot, le chariot qui enserre Jeanne). Il y a l'eau évidemment qui témoigne de la puissance divine et dont le fluide permet de disperser les cendres et ainsi diffuser (et infuser) le message de Jeanne d'Arc. Il y a surtout le ciel. Dans un film aux cadrages serrés, il filme en permanence le ciel - lieu du divin par excellence - favorisant la contre-plongée et les lignes d'horizon basses. En extérieur, le ciel prend toute la place. Mais pas seulement, Jeanne est balancée dans une charrette, elle regarde le ciel à travers la bâche ; elle est humiliée et chahutée par des soldats anglais, elle regarde le ciel à travers une meurtrière de sa cellule. Elle cherche Dieu en permanence. Avec peu, Philippe Ramos nous restitue toute la mysticité et le mystère véhiculée par Jeanne d'arc, la légendaire.

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le 24 nov. 2016

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