Jeanne d'Arc 1948

Après "Casablanca", "les Enchainés" et "Pour qui sonne le glas", Ingrid Bergman confirme en 1948 avec ce rôle historique et religieux, sa position d'icône cinématographique féminine de l'après-guerre.
Certes, c'est un film hollywoodien mais la réalisation de Victor Fleming est toute en retenue tendant à montrer une Jeanne d'Arc humble et pleine de doutes face à des enjeux historiques considérables. Bien sûr, il y a des moments de grande exaltation mais jamais on ne sombre dans le kitsch : par exemple, on n'entend jamais les "voix" mais seulement leurs effets sur le comportement de Jeanne d'Arc.
La simplicité ou l'humilité émanant de cette Jeanne d'Arc nous la rend ainsi bien plus proche et convaincante. La scène de la première rencontre avec le roi Charles VII est extrêmement émouvante dans sa simplicité et sa réalisation. La caméra se contente de suivre Jeanne d'Arc dans la foule des courtisans rendus immobiles et silencieux. Cet exemple se retrouve bien des fois.
Il n'y a pas non plus de pathos inutile dans les dernières scènes mais une grande détermination du personnage face à ses juges. Le film n'a pas été un immense succès à sa sortie, semble-t-il, peut-être justement par le manque de grandiloquence qui était la marque de fabrique de l'époque à Hollywood. C'est peut-être justement ce qui en fait un grand film aujourd'hui.
Ingrid Bergman est "the right woman at the right place". Bien entendu, je ne vous cacherai pas que j'aime beaucoup les personnages féminins joués par cette actrice ; ici elle est dans un registre à part mais on retrouve toujours sa douceur, sa féminité, son humanité mais aussi sa détermination.
Je signale aussi pour les amateurs (les inconditionnels, devrai-je dire...) d'Ingrid Bergman que la version VO est beaucoup plus longue que la version française. On y profite donc plus longtemps de la vedette...