Difficile d'évaluer le film de Luc Besson : il présente un certain nombre de défauts assez patents, mais aussi des qualités étranges, indécidables, mais incontestables. Qu'en retiendra-t-on alors? La note en dit certes quelque chose.
Une certaine exaspération dans ce début de film qui contient tous les éléments qui m'insupportent systématiquement dans le cinéma grand public de Besson : l'introduction expéditive, formatée et naïve, dans laquelle l'invraisemblance et l'anachronisme passent mal, le ton décalé du film n'étant pas encore évident. De manière générale toute cette entrée en matière (avec ses "merveilleux !") à l'air d'être sortie d'un 'Arthur' avant l'heure, du coup la scène du viol nécrophile paraît déplacée. Le pire défaut du film tient dans les effets spéciaux d'un kitsch extrême utilisés pour figurer, pour illustrer une apparition qui aurait du rester de l'ordre de L'INVISIBLE, m'entends-tu LUC ? Même problème d'effets spéciaux avec le mannequin dans les flammes à la fin, plutôt une mauvaise idée. Enfin, autre défaut qui persiste un peu au delà de l'introduction, quelques scènes complètement autistes dans lesquelles la lourdeur fait mal avaler l'incompréhension (Jeanne criant sur les chevaliers sans raison, et bien loin de sa mystique).
Heureusement, le film commence après tout cela, le personnage de Jeanne prend de l'ampleur, Milla Jovovich est belle et trouve la bonne mesure dans une hystérie mystique qui, je l'avoue, me plait bien. L'humour du film devient même parfois agréable, la troupe de seigneurs guerriers est assez sympathique ainsi que les scènes de bataille avec quelques idées ingénieuses. Parlons brièvement de l'écriture des répliques. Assez étrange, un des aspects anachroniques, mais finalement interprétable comme une traduction du parlé de ces gens qui sont pas parmi les plus raffinés.
Mais c'est surtout la fin du film que je retiens, le personnage gagne encore en profondeur, on peut regretter que Besson soit très explicite dans sa façon de traiter le doute et la folie de Jeanne, mais on y rentre volontiers, et là Luc Besson montre quelques qualités de metteur en scène. La fin du film abandonne l'aspect grotesque et comique pour se complexifier, et les dernières scènes confinent à une certaine beauté.
En somme Luc Besson tente un mélange dangereux : kitsch et mystique, grotesque et épique, médiéval et moderne... Je suis bien tenté d'aimer ce film, malgré tout.