C'est quasiment cinq ans jour pour pour après avoir vu la première partie du diptyque de Jacques Rivette consacré à Jeanne d'Arc que j'entame la seconde. Je ne saurais donc faire précisément le lien entre les deux parties, mais celle-ci est consacrée à la mise sur le trône de France du Dauphin en arrivant à Reims, au sacre dudit Dauphin, puis à la capture de Jeanne d'Arc et à sa mise à mort. On notera que le procès est quasiment absent du film, si ce ne sont les aveux sur lesquels elles reviendra. Je pense que filmer à nouveau le procès après le film de Bresson n'aurait sans doute pas eu l'effet escompté et les deux films auraient été en concurrence directe et on ne va pas se le cacher, mais il est difficile de passer après Bresson.
Cependant le film excelle dans les discussions, dans ce long film de quasiment trois heures les passages les plus marquants sont ceux qui Rivette prend son temps et fait discuter ses personnages de géopolitique. Le film s'ouvre sur un échange où le Dauphin place Jeanne à sa droite et affirme l'autorité de la Pucelle face à ses autres conseillers qui la méprisent. J'aurais limite adoré que tout le film ne soit que ça, que des discussions de cet ordre.
Comme pour la première partie le traitement des "voix" est extrêmement intéressant, ici on n'a aucune vision, on n'entend rien... on voit juste Bonnaire nous rapporter ce que les voix veulent d'elle. Le traitement est à l'inverse du sacré, on est clairement dans le profane. Une fille, belle, forte, qui sait ce qu'elle veut, mais filmée sans excès, sans artifice qui dit ce qu'elle croit être la volonté divine. La simplicité fonctionne réellement bien, tout en justesse, sans jamais servir à faire passer Jeanne pour une folle ou à mettre le doute sur la véracité de ses dires.
La scène du sacre du roi Charles VII, filmée en temps réel est elle aussi assez grandiose. Elle donne tout à coup au petit Dauphin une prestance nouvelle, enfin il est celui qu'il devait être.
Par le toute la seconde partie du film m'a un peu moins plu si on excepte quelques échanges entre Jeanne et ses geôliers et sa crise de nerf finale lorsqu'elle apprendre qu'elle va être brûlée. J'ai l'impression d'avoir déjà vu ça, il y a très longtemps dans le premier film.
Il faut noter que durant tout le début du film les batailles sont narrées par un narrateur (logique) et non pas montrée ce qui permet d'encore d'accentuer le côté politique que j'aime beaucoup.