Ce second et dernier volet consacré à notre Jeanne d'Arc par Jacques Rivette couvre les deux dernières années de l'héroïne, d'Orléans à Rouen.
Cet épisode possède les mêmes qualités que le premier, notamment dans la belle séquence du sacre de Charles VII, que Rivette filme avec une sobre objectivité et un sérieux historique exemplaires.
Cette authenticité est garantie par les solides références que Rivette a tenu à mentionner dans le générique de fin : Régine Pernoud Jeanne d'Arc par elle-même et par ses témoins, et Georges Duby, Les procès de Jeanne d'Arc.
Aussi, l'ensemble de cette seconde époque se trouve porté à un niveau encore supérieur à la première, du fait que l'intrigue se resserre autour du sort tragique de Jeanne, ce qui nous vaut des scènes dramatiques de pure anthologie : à partir de la première entrevue de Cauchon et de Jeanne, jusqu'à la mort de la jeune fille sur le bûcher.
Un seul et unique regret pourtant : que Rivette se soit réservé de ne nous montrer le procès de Jeanne qu'à partir de l'abjuration au cimetière de Saint-Ouen, en faisant ainsi l'économie des trois mois d'interrogatoires qui ont précédé ce moment crucial. C'est bien dommage, vu la haute tenue des dernières séquences dans lesquelles il nous relate l'ultime semaine de Jeanne.
En effet, grâce à la très grande rigueur historique de Rivette, qui n'est pas sans rappeler celle de Robert Bresson dans son Procès de Jeanne d'Arc (https://www.senscritique.com/film/proces_de_jeanne_d_arc/critique/297442914), nous suivons les derniers tourments de notre héroïne au plus près. Peut-être est-ce cette intimidante référence à Bresson, qui a fait reculer Rivette, par humilité, devant la mise en scène du procès proprement dit.
Mais qu'importe ! Cette grande exigence du réalisateur pousse Sandrine Bonnaire à donner le meilleur d'elle-même : elle revit littéralement ce qu'a dû endurer Jeanne, à tel point que nous sommes entraînés par la comédienne au-delà du simple jeu d'actrice, jusqu'à une communion d'émotions et de sentiments fort rare au cinéma : communion avec cette jeune fille qui se dépasse elle-même, par fidélité à Dieu, en une incandescence sublime...
Et Rivette de réussir ainsi à nous faire voir et entendre, et quasi toucher, au cœur-même de notre Histoire humaine, l'évident réalisme de l'intervention divine...