Le développement de ce troisième volet tant attendu n'aura pas été de tout repos, entre interdiction de certains lieux de tournage, arrêt temporaire de ce dernier suite à un appel au boycott du film, budget amoindri, quasiment aucune publicité octroyée, sans évoquer une sortie aux USA limitée à une unique journée avant sa disparition prématurée des salles obscures.
Victor Salva a tenté, tant bien que mal, de concrétiser par tous les moyens ce nouvel opus, 14 ans après le second. Le moins que l'on puisse dire, c'est que peu de monde semble l'avoir pardonné et que malgré la conviction d'achever la saga, ce tout nouveau chapitre a bien failli ne jamais voir le jour.
L'homme qui aura été condamné à une peine de trois ans de prison pour des actes de pédophilie et qui aura été libéré au bout de quinze mois, ne se fera jamais pardonner mais livrera un mea-culpa à travers "Jeepers Creepers", un film d'horreur paru en 2001, devenu culte et fortement apprécié par les cinéphiles. Dans ce film, deux jeunes adultes, alors frère et soeur, sont traqués par une créature à forme humaine ayant pour particularité d'être sexuellement attirée...par de jeunes mâles adultes. Alors appelée "Le creeper" , elle n'attaque que 23 jours tous les 23 ans dans un but de survie. Salva procède à une véritable thérapie à travers le cinéma et donnera lieu à une séquelle deux ans plus tard, se déroulant dans la même timeline que son prédécesseur.
Concernant ce troisième volet, il se charge d'établir un lien entre l'opus original et sa première séquelle.
Difficile de juger le produit fini, étant donné qu'il n'existe qu'une version tronquée de vingt minutes sur le net. En l'état, et en prenant en compte le contexte de production du long-métrage, le résultat est en demi-teinte, d'une part, parce qu'après un aussi long temps d'attente, les fans étaient en droit de s'attendre à mieux, d'autre part "Jeepers Creepers 3", c'est une des meilleures suites de films de genre de cette année, après l'infâme "Cult of chucky", le sous-exploité "Leatherface" et le tout juste potable "Jigsaw".
Le souci majeur du film est de ne pas avoir repris les personnages de ses prédécesseurs, car en introduisant autant de personnages fades et dépourvus de psychologie, le visionnage du film suscitera l'ennui et peinera à relever le moindre intérêt chez son public. Ajoutez à cela une gestion du rythme apathique, et vous obtenez un film mou du genou, démunie d'une quelconque tension que l'on retrouvait aisément dans le premier opus, et sans l'aspect survival et divertissant du second.
Le scénario étant clairement le tallon d'achille du long, les quelques scènes de meurtre fourniront un minimum de divertissement. Par ailleurs, une nouveauté est implantée: Le camion du creeper est piégé et est capable de se mouvoir de lui-même. Étonnant, quoique peu intelligent, cet ajout permettra de combler certaines lacunes telles que le manque d'ambiance et de faire office de remplissage,à défaut de faire avancer une intrigue déjà à la ramasse.
Et ce manque d'ambiance, justement, est dû au fait, que la majorité des scènes se déroulent en plein jour, ce qui annihile toute possibilité de ressentir la moindre peur. La créature est également un peu trop présente à l'écran, ce qui, d'une part la rend humaine.
Les effets spéciaux ont été très critiqués. Diffusé sur Syfy, le film a été jugé "à peine mieux qu'une production asylum". En vérité, "Jeepers Creepers 3" tient la route à ce niveau, offrant certes des CGI qui piquent les yeux et des fonds verts indignes d'une production actuelle lors des scènes de course poursuite, mais à contrario, des effets tout à fait corrects, telles que l'animation des ailes de la créature ou l’interaction des pièges par les victimes/futures proies de cette dernière. Le tout est cependant un cran au dessus d'un "Phantasm V: Ravager", véritable carnage en matière d'effets spéciaux.
Passant complètement à côté de son propos (L'évocation de l'homosexualité de la créature est passée à la trappe), Salva ne réinventera rien avec ce tardif opus qui ne propose rien de neuf à la mythologie, peu aidé par un scénario fainéant, des acteurs monolithiques et par ses multiples protagonistes inutiles.
Sans surprise, "Jeepers Creepers 3" est une séquelle dispensable, mais contenant malgré tout un minimum de divertissement et qui se conclue sur un plan final inattendu, annonçant d'ores et déjà un quatrième et-probablement dernier-volet. Les faux pas s'enchaînent, mais la passion demeure chez Salva qui semble être parvenu à assouvir son fantasme de revenir à la réalisation. Sans être mauvaise langue et en étant indulgent, cet opus n'est pas la catastophe tant décriée et se révèlera être bien meilleur que les dernier "Chucky" et "Massacre à la tronçonneuse". A défaut d'avoir autre chose à se carrer sous la dent...et mieux...
Espérons un meilleur retour pour salva, et davantage de chance à l'avenir. En attendant, chantons avec le diable ! Jeepers Creepers, Where'd you get those peepers, Jeepers Creepers., where'd you get those eyes..