De son propre chef, un homme qui "a vu" la ville préfère s'installer dans les montagnes.
Le film nous apprend que l'existence de crétins et de gens qui font chier ne dépend pas de l'altitude.

Si on a créé la société, c'est quand même bien, aussi, pour pouvoir s'épargner de vivre pour survivre. (D'aucuns diront que notre monde est pourri, qu'on continue à vivre comme des chiens, malgré les formes on reste dans la survie, moi je ne trouve pas.)
Idéologiquement, j'ai donc un petit problème avec ce film. J'adore la survie, mais il faut qu'elle soit forcée : les personnages passeront le film à chercher à retourner dans notre beau monde. (Le Vol du Phénix, Essential Killing)
Ici, c'est tout le contraire, le personnage fait son maximum pour rester dans des endroits insupportables, et on n'est permis à aucun moment d'imaginer le moindre avenir intéressant. Lorsqu'il annonce : "ce sera un bon endroit pour vivre", aux deux paumés qu'il a ramassés sur le chemin, avec lesquels il ne peut pas parler, on se demande vraiment ce qui lui passe par la tête. Je veux dire, c'est la puérilité absolue, ce délire d'autosuffisance, allez on va passer nos journées à bricoler et essayer de bouffer tant bien que mal. Ça doit être très amusant le temps d'un été, mais c'est pas une vie, surtout quand on est entouré d'indiens croyants (= fous) et sans pitié...
Je ne comprends pas Jeremiah Johnson, pas tel qu'on essaie de me le présenter. J'adore cette merveilleuse petite tête blonde de Robert Redford, mais il rend le personnage fade. Jeremiah Johnson, qui a un tel désir perpétuel de combat, ne peut être compréhensible que s'il est, d'abord, une brute bornée. Je l'aurais donc taillé dans l'autre sens : montré que derrière cette brute, on peut trouver bien sûr une sensibilité, une intelligence qu'on ne connaissait pas, et une véritable capacité à éprouver du plaisir dans la nature. Oui, parce que le pire, dans l'histoire, c'est qu'on ne sent à aucun moment une once de plaisir, dans le jeu de Redford, à se trouver dans cet environnement. Les feux et les chasses s'enchaînent, tous aussi fades les uns que les autres : il ne se passe rien, et le spectateur n'est même pas récompensé pour ne pas s'être endormi, puisqu'aucun moment savoureux ne surgit où on lui montrerait, par exemple, des petits détails à l'aspect un peu documentaire, révélant le concret de cette vie si particulière (comme l'aurait fait Robinson Crusoé).

En plus, ce sont deux heures d'images d'épinal de la montagne et des indiens, de massacres bêtes et méchants complètement attendus, et tout cela sans aucune intelligence particulière de réalisation ou petit détail qui rendrait le film original ou mémorable.
Philistine
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le 11 nov. 2011

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