Vous connaissez l'histoire de Jesse James, comment il a vécu et comment il est mort ? Dix-huit ans après la version hautement hagiographique mais totalement assumée d'Henry King, voici une nouvelle adaptation hollywoodienne de la vie et l'œuvre de l'un des plus célèbres hors-la-loi américains. Et bien qu'il s'en défende en préambule (« Vous allez voir des faits réels et d'autres aussi proches que possibles de la réalité historique... ») Nicholas Ray succombe lui aussi, par moments, à la tentation de présenter Jesse James comme un héros romantique. On n'échappe donc pas à un scénario dans lequel ce sont les méchants Yankees qui sont la cause du passage de Jesse et Frank du mauvais côté de la loi. À sa décharge, le réalisateur tente de nuancer le portrait en insistant, sur la fin, sur le goût de son héros pour la violence et le meurtre.
Tiraillé entre ces deux extrêmes, le film peine donc à convaincre, et surtout à enthousiasmer. La faute aussi à plusieurs autres faiblesses : une construction en flashbacks pas très judicieuse, et surtout des acteurs manquant d'envergure. Robert Wagner et Jeffrey Hunter ont certes de bonnes gueules, mais comparé à Tyrone Power et Henry Fonda, ça manque cruellement de charisme... Et aux côtés des frangins, les seconds rôles sont globalement transparents, même si on note en clin d'œil la présence en tant que pasteur du toujours sympathique John Carradine, qui jouait l'un des frères Ford dans la version de 1939. Reste une belle photographie, l'indéniable maîtrise formelle du réalisateur de Johnny Guitare, et quelques scènes d'action bien fichues. Mais au final, ce Brigand est à mes yeux le moins aimé des trois ou quatre grandes productions hollywoodiennes sur le sujet.