On peut analyser de mille manières l'échec de #Jesuislà. D'une manière générale, il y a évidemment le fait que personne n'a envie de se fader 30 minutes de lecture de sms, puis 30 minutes d'un mec bloqué dans un aéroport, puis 30 minutes de cartes postales de Séoul. Il y a aussi cette étrange manie du scénario à nous faire subir des épisodes qui n'auront aucune implication sur le récit : en quoi la longue incubation du héros à l'aéroport est-elle nécessaire au parcours du personnage ? A quoi sert l'idée de célébrité galopante puisque celle-ci n'impacte en rien le personnage de Chabat ? Qu'il ait 12 ou 120 000 followers, il s'en fout.
Mais si on devait ne retenir qu'une raison, il faudrait en premier lieu reconnaître ceci : aussi sympathique qu'on puisse le trouver, Alain Chabat n'est tout simplement pas un bon acteur. Il n'a à peu près aucune des fonctions qui sont nécessaires pour simplement faire fonctionner le scénario de #Jesuislà : il ne sait pas jouer le mec antipathique (c'est pour ça que la première partie ne fonctionne pas), il ne sait pas jouer le mec amoureux (c'est pour ça que la seconde partie ne prend pas). Alain Chabat n'est pas Jean-Pierre Bacri. Voyez "Les Sentiments", voyez "Cherchez Hortense" si vous voulez voir un mec acrimonieux et usé par la vie se révéler à lui-même et vous émouvoir en tombant amoureux d'une jeunette.
Crâmer plus de 11 millions d'euros, soit l'équivalent du budget d'un film d'Audiard, pour un truc à la Anna Gavalda bâti sur une erreur de casting, c'est quand même dommage.