Jésus, du débutant japonais Hiroshi Okuyama, n'a rien d'une toile de maître mais ressemble plutôt à une esquisse, chose normale considérant les 22 ans du cinéaste, au moment du tournage. Une œuvre sans doute en grande partie autobiographique, filmée à hauteur d'enfant, dont les adultes ne sont que des figures d'ordre et d'autorité. Jésus s'attache aux pas d'un jeune garçon taciturne qui découvre un nouveau lieu de vie et de scolarité et dont le rapport à la foi le confronte à des interrogations et à des espérances lesquelles pourraient bien être déçues. Le film est simple mais pas simpliste, réussissant assez bien à combiner les genres de la chronique ironique à la mélancolie jusqu'au drame, sans oublier une touche de fantastique narquoise, avec un Christ et des chuchotements. Rien d'époustouflant ni dans la mise en scène ni dans le scénario mais Okuyama maîtrise son ouvrage avec sérénité, semblant parfaitement savoir où il va. La cadre, la région de Nagano en hiver et une école catholique, ont également leur importance, assurant une certaine routine qui sera bouleversée lors de la tragédie qui viendra couper le film en deux. Il est encore trop tôt pour présumer de la carrière future du cinéaste japonais mais parier sur lui, avec sa sensibilité et sa délicatesse, n'a rien d'une hérésie.