The Devil goes after the young. Those who cannot think for themselves...

Documentaire d'images et de paroles, sans voix off pour commenter l'ensemble, Jesus Camp nous gifle à coups de tranches de vies de mômes endoctrinés à la sauce évangéliste.


Ces images de gosses convulsant, à moitié en transe, pleurant toutes les larmes de leurs corps tandis que les prières se font de plus en plus incantatoires, sont profondément bouleversantes, gerbantes, triturant vos entrailles, inspirant des envies de bûcher pour ces frappadingues de la Bible sans décodeur.


J'avoue qu'imaginer cette énorme grognasse prêcheuse blonde décolorée griller, dégoulinant d'éruptions graisseuses, toutes pores ouvertes, me ferait presque plaisir. Comment peut-on endoctriner avec un tel enthousiasme des enfants ?


Passé l'émotion qui laisse un goût de cendre glaireux au creux du cœur, on s'attarde un peu sur la forme. Jesus Camp est calibré "ère Bush", les morceaux d'existence choisis font mouche, illustrant la folie du propos que seule la foi hallucinée peut tolérer. Sur fond de nomination de juge à la cour suprême, ce documentaire dénonce la montée en puissance électorale des évangélistes, capables de faire les élections par leur simple participation massive.


Au final, ce qui fait le plus frémir, c'est l'étrange maturité de certains enfants. La construction de leurs phrases est bien trop aboutie, complexe pour être celles d'enfants. Leur vocabulaire se compose de sermons et de prières mis bout à bout, qu'ils enchaînent tels des virtuoses du vide, ânonnant la "sainte parole", petits missionnaires en puissance, distribuant tracts selon ce que "Dieu" leur chuchote à l'oreille ("I think they were muslims").


Faisant parti de ceux qui croient profondément que le langage, selon sa richesse ou sa pauvreté, étend ou cloisonne la perception du monde, ces enfants sont à mes yeux cause perdue. On ne rattrape des années plus tard le travail de sape de leur esprit mené dès le plus jeune âge.


Si ce documentaire n'était pas à ce point un terreau pour faire germer une bonne dépression, j'aurais tout de même ri à la prière de la grognasse décolorée qui priait pour que "le diable n'empêche pas Power Point de sortir du vidéo projecteur"...


Révulsant, ce documentaire démontre malgré tout la capacité d'une Amérique à jeter un œil critique sur une part d'elle même. Le peur irraisonnée qu'inspire ce documentaire vient du fait qu'on est moins en train de regarder un reportage qu'un safari.

Hypérion
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films critiqués notés 7 et Merci SC de m'avoir fait découvrir ça (version Films)

Créée

le 10 oct. 2011

Critique lue 882 fois

20 j'aime

2 commentaires

Hypérion

Écrit par

Critique lue 882 fois

20
2

D'autres avis sur Jesus Camp

Jesus Camp
xUMi
8

Antichrist Superstar

Avec une réalisation intimiste et sans le moindre commentaire, ce docu (j'aurais tellement aimé pouvoir dire docu-fiction, vraiment) vous montre la vie d'Américains évangéliques (merci @knock_knock...

Par

le 23 nov. 2010

32 j'aime

16

Jesus Camp
Before-Sunrise
7

Et dire que certains ont encore peur d'Al Qaida...

Jesus Camp ou comment priver une génération de son Enfance quand on a soi-même peur de mourir et besoin de projeter l'image d'un être supérieur qui penserait, agirait à notre place. Certains mettent...

le 20 sept. 2011

23 j'aime

2

Jesus Camp
Hypérion
7

The Devil goes after the young. Those who cannot think for themselves...

Documentaire d'images et de paroles, sans voix off pour commenter l'ensemble, Jesus Camp nous gifle à coups de tranches de vies de mômes endoctrinés à la sauce évangéliste. Ces images de gosses...

le 10 oct. 2011

20 j'aime

2

Du même critique

Princesse Mononoké
Hypérion
10

Un Miyazaki terrestre et mélancolique

Princesse Mononoké est un film à part dans la carrière de Miyazaki, une étape autant qu'une sorte de testament de son art. C'est peut être ce qui en fait l'un de ces films les plus adulés parmi ses...

le 15 juin 2011

482 j'aime

81

Le Vent se lève
Hypérion
9

L'histoire d'un formidable égoïste

Le vent se lève, il faut tenter de vivre est définitivement un film à part dans la filmographie de Hayao Miyazaki, pour moult raisons que j'aurais bien du mal à évoquer de façon cohérente en un...

le 22 oct. 2013

426 j'aime

32

Kaamelott
Hypérion
9

Alexandre Astier, héros des temps télévisuels modernes

Alexandre Astier est remarquablement similaire à son personnage Arthur. Comme Arthur, il est responsable de tout (Roi du royaume / responsable scénario, musique, production, dialogues, direction,...

le 17 juil. 2011

368 j'aime

57