Devenu un classique du film d’horreur de la fin des années 80, Jeu d’enfant brille par deux éléments majeurs. Le premier est, évidemment, son sujet. Un enfant fou des poupées « braves gars », littéralement lobotomisé par les pratiques publicitaires des industriels, va faire entrer dans sa maison un jouet possédé. Voilà une façon intelligente de critiquer le pouvoir des industries du jouet aux États-Unis et de malmener l’image de la gentille famille américaine. Voir un gamin de huit ans obliger de jouer du bistouri pour se défendre d’une poupée maléfique, c’est une idée qui a de la gueule et qui apporte une bonne dose d’originalité dans ce type de récits. L’autre élément, c’est la qualité d’animation de la fameuse poupée. Si Tom Holland court-circuite habilement son manque de budget par des séquences en steadicam du meilleur effet, il bénéficie aussi d’une animation de Chucky vraiment aboutie.
L’histoire, de son côté, est plutôt simple mais habile et efficace. Il s’agit d’un récit de vengeance qui change des tueurs dégénérés qui dégomment à l’aveugle. La démarche de la poupée est ainsi vraiment motivée et apporte une véritable plus-value. Dommage cependant que les scénaristes soient rapidement à court d’idées et se retrouvent contraints à allonger leur récit en faisant de la poupée une descendante de Terminator, capable de survivre aux flammes et donc de prolonger la terreur qu’elle impose. De la même façon, les véritables amateurs de terreur trouveront ce film bien sage. Peu de suspense et peu de sang sont au programme. Ce jeu entre le film familial et le film d’horreur est cependant plutôt pertinent.
Il n’en demeure pas moins que l’ensemble manque quelque peu de tension et d’un peu plus d’humour. C’est bien fait, c’est sympathique mais Chucky est loin d’être le gardien de certains de nos cauchemars. Il est, à ce titre, le témoin d’une époque où on savait jouer la carte de la subversion tout en restant accessible à un large public. En somme, un film divertissant.