Si, à travers le titre du film, Hitchcock dévoile le fin mot de l'histoire, c'est que l'énigme en elle-même ne doit pas avoir tant d'importance. D'ailleurs, dès le début, on le sait. C'est, un peu comme dans les "39 marches", l'histoire d'un jeune qui va devoir mettre à profit les 83 minutes du film pour prouver son innocence.
D'abord, il n'y croit pas à sa culpabilité ; c'est normal, il le sait bien que ce n'est pas lui ; ce sont les autres qui le croient coupable. C'est d'ailleurs quelque chose qui caractérise bien le film. Il n'y croit tellement pas que c'est tout juste s'il ne souffle pas les questions aux flics qui l'interrogent … Sa foi en sa bonne étoile est communicative puisqu'elle va convaincre peu à peu Erica, fille du commissaire en chef … et un clochard qui va s'impliquer dans la recherche du coupable.
Le film est construit comme une suite de gags. Je pourrais dire que tout y est improbable. De l'arme du crime aux différentes poursuites, jusqu'à la fine équipe prête à défier tout Scotland Yard. Robert, le faux-coupable hilare, la fille du flic et le clochard.
Et pourtant, le suspense fonctionne bien. Il suffit de suivre la magnifique scène dans l'hôtel où l'équipe approche de la solution sans jamais l'atteindre
Spoiler : sauf in extremis.
… alors que la menace de la police se fait très, très pressante.
Et pourtant, ce n'est pas faute à Hitchcock qui fait tout son possible pour désigner le vrai coupable avec des gros plans alors que l'équipe merdoie lamentablement devant l'évidence.
Sauf que c'est le spectateur qui est averti par Hitchcock et pas l'équipe. Et on n'est pas au théâtre où le public peut siffler, se manifester auprès des acteurs sur scène…
C'est comme la scène, excellente, du goûter d'anniversaire chez la tante où ils sont sur le point de se jeter dans la gueule du loup tant la tante parait soupçonneuse ; Robert, flegmatique, se permet même de piquer un nain de jardin pour mieux l'offrir à la maîtresse de maison.
C'est certainement ce que je préfère dans ce film, cet humour – so british – pince sans rire qui baigne la totalité du film. Avec, bien sûr, les beaux portraits de la charmante et intrépide Nova Pilbeam.