Arrivé en fin de carrière, Ronald Neame s’aventure à nouveau sur les terres du film d’espionnage, mais loin de ce qu’il faisait cinq ans plus tôt, sur Le dossier Odessa, qui traquait les nazis en pleine période post assassinat de Kennedy. Ici, le maître mot c’est la comédie. Mais pas de la pure comédie non plus, c’est léger mais on ne tombe jamais dans le burlesque, il faut avant tout que ça reste un film d’espionnage. Plutôt de contre-espionnage d’ailleurs, ou d’espionnage en interne, puisqu’il s’agit pour Walter Matthau – Et si le film est si enlevé c’est en partie dû à son flegme nonchalant : Il faut le voir siffloter Puccini, danser sur Mozart ou chantonner une hymne bavaroise pendant une filature en plein Oktoberfest de Munich – de s’offrir dans un jeu de piste vengeur – On l’a flanqué sur la touche pour avoir retarder la prise d’un espion allemand – qui le voit petit à petit révéler (par courrier public) dans ce qu’il nomme rapidement « Ses mémoires » les déboires multiples de la CIA. Ce qui est très chouette c’est que le film est en mouvement permanent et bouge sans cesse géographiquement : Munich, Washington, Salzbourg, Marseille, Londres, Les Bermudes. Le revers de ce dispositif très mobile, c’est que le film prend ni le temps d’étirer certaines de ses belles situations, ni le temps de proposer des moments forts, aussi bien d’un point de vue formel – Passé la belle introduction sous les tentes de bières de Munich, les séquences sont relativement classiques – que narratif, tant le schéma est vite cousu et répétitif. Ceci étant, ça reste un film tout à fait délicieux.