Le jeu dangereux ne si situe pas là où le pense : la dangerosité c’est le choix génial de Lubitsch qui combine comédie et décrédibilise la propagande nazie (au travers le personnage de Maria Tura) lorsqu’en 1942 date de sortie du film, celle-ci est au plus haut. Cette drôle d’imbrication d’acteurs qui jouent les acteurs transforment le public du film en spectateurs de pièce de théâtre. Ils ont donc la particularité d’avoir un regard omniscient sur les différentes scènes ce qu’ils leurs offrent un sentiment de supériorité manifeste. Et c’est en cela que Jeux Dangereux est une pépite, Lubitsch élève le spectateur au-dessus guerre et propagande et le perd dans un labyrinthe de scènes qui finalement laisse tout naturellement exacerber l’absurdité du nazisme. Et tout cela en 1942…à l’heure des camps de concentrations et des tickets de rationnements…de la part d’un réalisateur né…en Allemagne ! Quelle impertinence ! Paradoxalement, il ajoute un humour très « british » à ses dialogues multipliant les jeux de mots, les références culturelles (et sexuelles) ce qui fluidifie la complexité de l’intrigue et en fait un film accessible à tous ! Loin d’être toutes imputables à Chaplin, les comédies des années 1940/1950 marquent l’avènement du cinéma de Lubitsch, dont on néglige souvent, à tort, la place qu’il eut dans le cinéma de l’époque.